Si j’avais douze ans en 2024, je serais intrigué par une foultitude de choses…
Je décèlerais une nouvelle forme de puritanisme, qui engendre une étonnante façon de juger, alimentée par le seul procureur médiatique, en martelant les conclusions avant l’examen du dossier et en jetant des noms en pâture, connus de préférence, les condamnant de fait à la guillotine sociale, dont le sort de la grande sœur a pourtant été tranché il y a plus de quarante ans.
Je découvrirais les nouveaux éclaireurs de l’humanité, qui se penchent sur les berceaux des petits en leur chuchotant de drôles de comptines, qui les invitent crûment à reconsidérer leur entre-jambe, factieux sans doute.
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Je prendrais le métro, pourvu qu’il ne soit pas en grève, pour partir à l’assaut des musées y admirer la Joconde sous son box de verre dégoulinant de pensée verte, hardiment étalée par une escouade définitivement écolo qui défend la planète, « je l’jure ! ».
Je nouerais quelques contacts avec des auto-revendiqués Insoumis, qui, le petit doigt sur la couture du pantalon, exécutent sans barguigner les moindres soubresauts de la pensée de leur Che au rictus menaçant, représentation incarnée de LA République et pourtant en rupture avec elle…
Je me frotterais à la nouvelle information serinée par les « grands médias ». Celle de la même veine qui, sous de Gaulle, criait aux censeurs et qui désormais distribue les bonnes ou mauvaises cartes de presse, dans un PAF politico-journalistique rabaissé à un entre-soi cerclé par le périph’ parisien – même à vitesse réduite. Heureux ! Je soufflerais un peu en regardant CNews, une autre petite chaîne qui monte, dont la clef de voûte est le débat, la confrontation des idées, le respect des pensées divergentes. Et qui ne prend pas son auditoire pour des benêts ou autres bredins, en attente de soupe tiède et surtout frelatée…
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Dans le même esprit, je resterais interdit devant la dérive d’une association de reporters dévoyée, qui brade sa raison d’être et dont les fondateurs étaient bien plus inspirés quand ils parvenaient non sans mal à extraire de vilaines geôles nombre de journalistes embastillés de par le monde. Un autre combat bien plus exaltant que celui engagé par ces nouveaux reporters, chemise ouverte sur leur torse à défaut de l’être sur le monde, et friands de plateaux télé amis…
Finalement et sans être exhaustif, c’est pas si facile d’avoir 12 ans en 2024.
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