Rescapée de la Shoah, l’histoire de Gisèle Flachs inspire également du côté des écoles perdues de la République.
La Bruxelloise Gisèle Flachs, 84 ans, est élégante et menue. Son visage, sa voix et ses gestes paisibles et harmonieux ne trahissent nullement son passé de petite fille rescapée de la Shoah originaire de Borislav (Ukraine). Après avoir perdu à quatre ans sa mère, qui s’est sacrifiée pour sauver sa grand-mère, la petite Gisèle sera prise en charge par différentes personnes, avant de rejoindre une tante, cuisinière dans un camp. Elle y est transportée de cachette en cachette jusqu’au jour où elle sera exfiltrée dans un sac à dos.
Puis son autre vie, souterraine, a commencé : dans un abri, un grand trou, sombre, froid et humide où dès son arrivée, elle reçoit un lit, de la nourriture et des vêtements. Elle y séjournera deux ans… Dans cette région très rurale, que se sont disputée la Pologne, la Russie et l’Ukraine, il est probable que d’anciens puits de pétrole aient pu servir de cachette pour sauver les enfants et les vieillards.
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Durant des décennies, Gisèle a gardé pour elle cette histoire que personne, excepté son mari, ne voulait croire. La supercherie de Misha Defonseca, qui prétendait avoir survécu dans les bois avec les loups, a encore un peu plus inhibé la parole de Gisèle.
C’est sa famille qui l’a décidée à relater ces faits par écrit afin qu’ils parviennent à ses petits-enfants. C’est ainsi que Sous terre pour survivre : parcours d’une enfant juive vient de paraître aux éditions Jourdan.
Aujourd’hui, Gisèle lutte pour faire refluer l’antisémitisme dans les écoles perdues de la République. À Wattrelos, près de Roubaix, elle a trouvé un complice au sein du personnel encadrant, Sofiane Lahouari. Ce dernier a organisé un concours d’écriture intitulé « Lettre à Gisèle » où ses élèves sont invités à prendre le rôle de la maman de Gisèle pour lui rédiger une lettre d’adieu. Et l’expérience atteint son but. Si chaque école ne peut se doter d’une Gisèle, son récit s’invite dans toutes les classes.