Le réfugié syrien Ameen Khayr forme avec le jeune producteur allemand Thorben Tüdelkopf le duo de musique électro «Shkoon». Alors qu’ils présentaient leurs nouvelles compositions au Bataclan le 10 février, ils ont repris la chanson «Yamma mwel el hawa» qui évoque le conflit israélo-palestinien. Le public s’est alors mis à scander «Free Palestine». On aurait préféré une minute de silence pour les victimes du terrorisme islamiste.
Des centaines de personnes scandent Free Palestine pendant un concert au Bataclan le 10 février. Les faits remontent à il y a une semaine, mais cela n’a été révélé qu’hier[1]. C’était pendant le concert du duo germano-syrien techno Shkoon – le chanteur Ameen Khayr est un réfugié syrien. Ses chansons, indique Radio Nova, parlent tolérance, amour, liberté, antiracisme, fraternité… Très bien.
Mais il n’est pas sûr que les jeunes qui assistaient à ce concert soient pétris de tolérance et d’amour.
Littéralement, « Free Palestine » n’a rien de choquant. Il est légitime de défendre l’existence d’un Etat palestinien. Mais c’est une question de contexte, comme dirait l’ex-patronne d’Harvard Claudine Gay qui affirmait qu’appeler au génocide des juifs pouvait (ou pas) être une violation du règlement de son université selon le contexte (d’où le montage rigolo avec la couverture de Mein Kampf remplacé par Mein Context sur les réseaux sociaux). En l’occurrence, « Free Palestine », dans le contexte actuel, cela ne signifie pas libérez la Cisjordanie et Gaza (qui n’est plus occupée) conformément aux résolutions de l’ONU, mais libérez la Palestine de la Mer au Jourdain, autrement dit : détruisez Israël. Ce slogan est scandé dans les manifs, il est tagué dans nos facs, il fait fureur dans les facs américaines. Depuis le 7 Octobre, « Free Palestine » n’est plus un plaidoyer pour le peuple palestinien qu’on pourrait tous partager mais un slogan pro-Hamas. Peut-être les jeunes du Bataclan ne le savent-ils pas. L’ignorance n’est pas une excuse.
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Nous qui défendons le pluralisme, nous voudrions interdire cela ?
Évidemment pas. Je déteste la censure. Mais tout n’est pas une affaire de droit. Ce qui est autorisé par la loi peut-être interdit par la décence. Rappelons que 90 de nos compatriotes sont morts au Bataclan, 130 en tout le 13 novembre 2015, victimes du terrorisme islamiste. Le même terrorisme qui, le 7 octobre, a tué, mutilé et torturé 1200 Israéliens parce qu’ils étaient juifs. Le Bataclan est un lieu de mémoire. C’est un lieu hautement symbolique qui rappelle que la bataille contre le djihadisme est loin d’être gagnée.
Or, l’islamo-gauchisme s’en donne à cœur joie. Les victimes du 7 octobre sont passées par pertes et profits. Le pogrom du Hamas est mis sur le même plan que la riposte israélienne. Le président brésilien Lula compare la riposte israélienne contre Gaza à la Shoah ! Adrien Quatennens et d’autres insoumis parlent de « génocide ».
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On a le droit de dire des âneries. On a le droit d’affirmer que le Hamas est un mouvement de résistance comme l’a fait Danièle Obono etc. Mais on peut tout de même le dire ailleurs qu’au Bataclan, lieu d’une mémoire endeuillée. Au lieu d’encourager son public dans la haine des ju… pardon d’Israël, on aurait préféré que Shkoon, adepte de la fraternité et de la tolérance, appelle les spectateurs à observer une minute de silence pour les victimes du 13 Novembre et du 7 octobre – pour lesquelles nous avons une pensée ce matin.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez notre directrice de la rédaction du lundi au jeudi dans la matinale.
[1] https://www.valeursactuelles.com/societe/lors-dun-concert-au-bataclan-le-public-scande-free-palestine
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