Rescapé de la Shoah, le sculpteur franco-israélien Shelomo Selinger entretient la flamme du souvenir. On vient d’inaugurer au Luxembourg la statue que ce bourlingueur à l’humour inébranlable a consacré aux victimes locales du génocide. Portrait.
Le Luxembourg, ce n’est pas comme la Pologne, quand on l’évoque on pense aux banques, à la pluie, à l’ennui, mais rarement voire jamais à la Shoah. Et pourtant comme partout où sont passées les Panzerdivisionen, il y a eu déportation de la population juive. Mille trois cents morts. C’est peu au regard d’un génocide, sauf pour les victimes.
Né en 1928 près d’Auschwitz
En 2013, Shelomo Selinger a été bien surpris de voir deux membres de la communauté juive luxembourgeoise débarquer dans son atelier à Paris et lui demander une sculpture commémorant le martyr juif du Luxembourg. La Shoah, ça connait Shelomo Selinger. Né à un nuage de fumée d’Oświęcim (Auschwitz), déporté à 13 ans, il fera entre 1942 et 1945 un tour des camps digne d’un compagnonnage initiatique du genre ou plutôt, du non-genre humain, aux noms évocateurs de Faulbrück, Gröditz, Markstadt, Fünfteichen, Gross-Rosen, Flossenbürg, Dresde, Leitmeritz, et enfin Theresienstad. Quand il raconte son voyage il vous entraîne dans ses marches de la mort, dans des récits de pendus et autres massacres qui font de lui un survivant, un miraculé.
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Il a gardé de cette époque une joie de vivre, et aussi sa vigilance, surtout pour ce type de commande à charge émotionnelle forte.
