Alençon (AFP) – François Hollande a annoncé lundi à Alençon la création en métropole de sept centres du « service militaire volontaire », un nouveau dispositif d’insertion professionnelle de jeunes en grande difficulté largement inspiré d’un modèle développé depuis des décennies en outre-mer.
« Il y aura trois centres de service militaire volontaire dès cette année qui accueilleront 1.000 jeunes », à Montigny-lès-Metz (Moselle), Brétigny-sur-Orge (Essonne) et « dans le sud de la France dès janvier 2016 », a déclaré François Hollande, précisant que quatre autres centres seront créés l’an prochain.
Ces sept centres du SMV pourront accueillir au total « 2000 jeunes », a-t-il précisé lors d’une visite d’un établissement public d’insertion de la Défense (Epide) à Alençon, près de vingt ans près la suppression de la conscription par Jacques Chirac.
« Nous sommes confrontés à un chômage élevé, trop élevé et nous devons nous battre jour après jour pour que nous puissions créer le plus d’emplois possibles », a souligné le chef de l’Etat, enchaînant : « quand un pays n’est pas capable d’offrir à la jeunesse un espoir, ce pays n’a pas d’avenir. »
Quelques instants plus tard, le ministère du Travail annonçait une nouvelle hausse du chômage, qui a atteint un record historique en mars, avec 3,51 millions de demandeurs d’emploi, soit 15.400 (+0,4%) de plus qu’en février.
Contrairement aux mois précédents, la situation des jeunes s’est fortement dégradée aussi en mars (+1,0% sans aucune activité), malgré les nombreux dispositifs qui leur sont destinés: emplois d’avenir, contrats de génération, Garantie jeunes, contrats aidés…
Créés sur le modèle du « service militaire adapté » (SMA), développé dès 1961 outre-mer, les centres du SMV, qui relèveront du ministère de la Défense, recevront des jeunes de 18 à 25 ans pour leur offrir des formations professionnelles liées aux besoins des bassins d’emplois locaux ou des « secteurs en tension » à l’échelle nationale, comme l’hôtellerie et le BTP.
Nourris et blanchis, ces jeunes porteront l’uniforme, encadrés par des militaires pendant les 6 à 12 mois de leur formation conduites en partenariat avec de grandes entreprises publiques ou privées comme la SNCF.
– ‘Notre victoire, leur réussite’ –
François Hollande a par ailleurs confirmé sa décision de porter de 3.500 à 4.500 par an le nombre de jeunes accueillis dans les Epide, qui relèvent quant à eux du ministère de la Ville en dépit de leur nom. « Deux autres Epide seront créés dans le sud de la France car c’est là qu’il y a les besoins les plus grands », s’ajoutant aux 18 existants, a-t-il par ailleurs annoncé.
La jeunesse est la « seule cause qui vaille », a lancé le chef de l’Etat lors d’une table ronde avec des volontaires issus de ces formations, soulignant que « puisque la jeunesse sera notre avenir, elle doit être notre priorité ».
Le SMA a accueilli quelque 5660 jeunes en 2014 outre-mer. A l’issue de ce service volontaire, environ les trois quarts d’entre eux ont été « insérés » dans la vie active, alors qu’au début de leur formation, au moins 30% étaient en situation d’illettrisme et 60% n’avaient pas leur brevet des collèges.
Quant aux Epide, ils visent à aider les 18-25 ans sortis du système scolaire sans diplôme ni qualification à retrouver un projet professionnel, avec des formations et une immersion en entreprise pendant 6 et 12 mois.
A l’été 2014, le président Hollande avait visité pendant plusieurs heures le bataillon du SMA de Mayotte, dont la devise proclame fièrement : « notre victoire, leur réussite ».
L’encadrement militaire avait alors insisté sur la spécificité de ces structures, qui conjuguent la formation professionnelle avec une remise à niveau scolaire et une éducation au « savoir-être » (ponctualité, politesse, civisme etc.).
François Hollande visitera une installation similaire en Guadeloupe lors d’une tournée dans les Antilles début mai.
*Photo : ©afp.com / Sebastien Bozon
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