Au printemps 2009, je me suis exprimé ici même sur la question des séquestrations de cadres dirigeants par leurs salariés en colère. Comme il vaut mieux se répéter que se plagier, voilà ce que je disais il y a cinq ans et que je redis aujourd’hui :
« Les ouvriers qui séquestrent des patrons ou des cadres dirigeants ont-ils raison ? Oui, bien sûr.
Pour une raison simple : que diable pourraient-ils faire d’autre ? Voilà des gens qui normalement n’embêtent personne. Qui fabriquent des pneus, des cartes à puces ou des têtes de delco huit heures par jour. Qui sont payés 1200 euros net au bout de quinze ans d’ancienneté. Des gens qui le samedi bricolent dans leur pavillon et organisent des merguez-parties le dimanche, quand il fait beau, ou qui vont tenir un stand au vide-grenier du club de natation. En temps normal, on n’entend jamais parler d’eux, et ça leur convient parfaitement. Et puis un jour, un mec leur annonce que tout ça, c’est fini. Au mieux, on leur a préparé un plan social en béton. En clair un reclassement bidon, une formation bidon, un autre connard en costume qui vient leur expliquer comment ils peuvent se mettre à leur compte, monter une micro-entreprise de toilettage canin ou un gîte rural gay-friendly avant d’aller grossir les statistiques du RMI. »
Mon opinion n’a pas varié d’un iota depuis. Il est moins grave d’avoir à passer une nuit à l’usine qu’une vie au chômage. Et si vous pensez le contraire, je n’ai plus rien à vous dire…
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