Ça a commencé par un chiffre. Sept milliards. La douche couvrait un peu trop le son de la radio. Je me suis demandé sept milliards de quoi. Par les temps qui courent, sept milliards d’euros, sûrement.
Mais pourquoi faire ? Une rallonge pour le gouvernement grec, histoire qu’il renonce à son référendum? Les bénéfices de Total qui n’accordera cependant zéro euro zéro centime de « prime dividendes » à ses salariés?
Ou un de ces chiffrages du programme socialiste par l’UMP qui relèvent de la poésie pure, genre 7 milliards d’euros si Hollande avait par hasard le malheur de créer 60 000 postes d’enseignants quand le quinquennat Sarkozy en aura vu disparaître plus de 80 000 ?
Sept milliards? Le coût des opérations militaires en Lybie qui se sont brillamment conclues par le massacre du dictateur et l’installation de démocrates tendance charia qui sont en train de choisir, grâce aux bombardements de l’Otan, leur deuxième et troisième femme?
Non, ce ne pouvait pas être ça.
Les commentaires se précisaient. Certains parlaient d’un problème, d’autres préféraient parler de chance. Et j’ai compris quand l’eau a cessé de couler. Depuis que mes amis catholiques et anarchristes sont devenus décroissants, je fais des gestes simples pour sauver la Terre quand tant d’autres en font de très élaborés pour la détruire. Surtout depuis qu’elle a une sept milliardième habitante, une petite fille adorable, née aux Philippines. Une certaine Danica arrivée parmi nous, le 30 octobre peu avant minuit. Bienvenue à toi, Danica. Tu verras, ce n’est pas évident, toutes ces guerres, cette pollution, la famine, le recul général de la civilisation, y en compris dans son berceau d’Europe. En plus, il y aura toujours des malthusiens pour chercher des poux dans ta petite tête qui ne compte encore que peu de cheveux. D’après eux, nous sommes trop nombreux. Si tu as la chance d’échapper à tout ça et de faire des études, tu pourras toujours leur rétorquer que cette planète n’a jamais autant produit de richesses, mais que ces dernières n’ont jamais été aussi mal redistribuées.
Je compte sur toi pour tout cela, Danica, et t’embrasse bien fort. Parce que parfois, moi, je fatigue…
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