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Dans la famille de la poésie britannique contemporaine, je réclame Selima Hill

Le poème du dimanche


Dans la famille de la poésie britannique contemporaine, je réclame Selima Hill
Image d'illustration Unsplash.

Je veux être une vache…


Il y a deux sortes de guides de voyage, bien plus efficaces que le Routard, pour découvrir un pays. C’est son roman noir et sa poésie (contemporaine). Dans les deux cas, il s’agit d’un pas de côté, d’un changement de l’angle de tir, d’un réagencement de la réalité, des sentiments, du désir, de la pulsion.

Je fais mon miel, ces temps-ci, d’une anthologie bilingue de la poésie britannique, L’île Rebelle (Poésie Gallimard). Elle rassemble des poètes nés entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années 60, qui publient encore pour la plupart aujourd’hui. Les traductions sont de Jacques Darras, un de nos plus grands poètes vivants dont nous vous parlerons bientôt, et Martine De Clercq.

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J’ai particulièrement aimé, entre autres, deux poèmes de Selima Hill, née en 1945, « Vache » et « Portait de mon amant en animal étrange »: elle a l’humour inquiet d’une Sylvia Plath, un art de la métaphore aussi surprenante qu’évocatrice qui fait penser au Morand des débuts, et elle pratique un féminisme sans dogmatisme, comme un art du bestiaire.

L'île rebelle: Anthologie de poésie britannique au tournant du XXIᵉ siècle

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Vache

Je veux être une vache
pas la fille de ma mère.
Je veux être une vache
pas amoureuse de toi.
Je veux me sentir libre d’être calme
Je veux être une vache qui jamais ne va connaître
le genre d’amour dont on « tombe amoureux », 
une vache royale avec des hanches aussi amples et saines qu’un grand magasin,
une vache que le fermier trait à genoux,
qui a sa mort sentira l’aurore se pencher sur elle comme une prairie
et lui mouiller les lèvres.

Selima Hill




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