La faillite de l’Etat en Seine-Saint-Denis n’est plus à prouver. Policiers, professeurs et autres fonctionnaires fuient ce département à l’immigration galopante où la consommation de drogue s’est banalisée.
Vous rêvez d’enseigner ? L’académie de Créteil recrute actuellement 500 contractuels, principalement pour la Seine-Saint-Denis. Inutile de vous précipiter, elle recrutera encore demain. L’ancienneté moyenne d’un enseignant dans le département est en effet inférieure à deux ans. L’Éducation nationale y enregistre plus de 300 demandes de départs pour une demande d’affectation.
Vous préférez la police ? Dans le 93, votre carrière sera accélérée, grâce à l’avantage spécifique d’ancienneté (ASA), qui permet d’accéder plus vite au grade supérieur. Et pour cause : comme les enseignants, les policiers expérimentés n’ont souvent qu’une envie, quitter le département.
Vous pouvez aussi tenter votre chance comme policier municipal. L’État a fait son possible ces dernières années pour déléguer la tranquillité publique aux élus locaux. Il a réussi. Désormais, ce sont eux qui gèrent la pénurie de personnel. « Il manque 1 500 policiers municipaux en Île-de-France, et particulièrement en Seine-Saint-Denis, explique Cédric Michel, secrétaire général du Syndicat de la police municipale (SDPM). Je reçois un appel par mois d’un DRH municipal qui me demande des contacts. Inutile de dire que les communes qui ont des quartiers difficiles ont le plus grand mal à trouver des policiers. Si elles lésinent sur les salaires, c’est mission impossible. Personne ne va risquer sa vie pour 1 800 euros par mois. » Et aucune prime ne retiendra un professeur de sport qui voit un de ses élèves se faire poignarder à mort en cours d’EPS, comme cela est arrivé en octobre 2019 aux Lilas.
Les risques du métier sont moins grands au tribunal de grande instance de Bobigny, et pourtant, un tiers des magistrats du siège s’en va tous les ans, pointait en 2018 le rapport sur les missions de l’État en Seine-Saint-Denis, des députés Rodrigue Kokouendo et François Cornut-Gentille.
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L’État débordé
L’épidémie de Covid-19 a dissipé les derniers doutes, s’il en subsistait : la puissance publique est à la peine en Seine-Saint-Denis. Elle a du mal à faire respecter le confinement, comme elle a du mal à lutter contre le trafic de drogue en temps normal. Essaye-t-elle
