On pourrait croire que tout sépare la volcanique Ségolène Royal et l’arctique Claude Guéant. Sauf que comme disait, selon James Ellroy, Thelma « Pat » Ryan, épouse Nixon, « La politique vous donne d’étranges compagnons de lit »[1. Très populaire aux USA, cette citation (Politics makes strange bedfellows) y est attribuée à un nombre incalculable d’auteurs. Il va de soi que chez Marc Cohen, seule la version de James Ellroy fait autorité.].
Et on ne pourra qu’être épaté par le destin commun de Claude et Ségolène, tous deux autoparachutés sur des dropzones imperdables pour leurs camps et tous deux éliminés par des dissidents issus de leurs propres partis.
Mais ce parallélisme intégral ne s’arrête pas ici : les déclarations d’après scrutin de l’écrabouillée de La Rochelle et du battu-de-justesse de Boulogne-Billancourt pourraient laisser croire que leur speechs rageurs ont été écrits par le même conseiller en communication (traduisez nègre », of course, mais évitez de le faire en public, les lois volent bas, ces temps-ci).
Pas besoin d’avoir rédigé une thèse d’état en linguistique comparée pour se fendre la poire, l’exercice relève plutôt du jeu des 7 erreurs dans Pif-Gadget.
Voilà ce qu’a déclaré Ségolène à 19h50 (Hou, hou, la tricheuse !) : « Le candidat qui vient d’être élu avec le soutien de l’UMP a permis à la droite de réussir son tir de barrage contre la candidate de la gauche et ce soir c’est un député de droite qui est élu puisqu’il recueille 75% des voix de la droite et 25% des voix de la gauche.» Pour elle, « ce résultat est le résultat d’une trahison politique ». Heureusement que la campagne n’a pas duré un jour de plus, sans quoi Ségo aurait sans doute accusé Olivier Falorni d’avoir partie liée avec Bachar Al-Assad et Marc Dutroux.
Quant à l’ancien ministre de l’Intérieur, il s’est, lui, déclaré « déçu » sur BFMTV, avant de dénoncer aussitôt son ex-camarade de l’UMP Thierry Solère pour avoir utilisé dans ce combat « un certain nombre de procédés peu républicains ». Avant de conclure à la mode rochelaise : « Je déplore également qu’il se satisfasse si aisément d’être élu ce soir avec les voix de la gauche…puisque le potentiel de gauche au premier tour était de 28 % et que Martine Even (PS) n’a que 21 % ce soir ». Heureusement pour M. Solère que Claude Guéant n’est plus ministre, on en a envoyé à Cayenne pour moins que ça.
Pour les amateurs extrémistes de points communs tirés par les cheveux, on pourra noter qu’aucun de nos deux battus n’a pleuré en public hier soir et que ni l’une ni l’autre n’a attribué la responsabilité de sa défaite à Gérald Dahan[2. Qui par ailleurs, il faut que ce soit dit, est vraiment un très gros… (mettez ici votre insulte favorite)].
*Photo : Mathieu Barbot
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