Retour sur la curieuse et épidermique réaction du LFI Sébastien Delogu, confronté à la RN Edwige Diaz.
Edwige Diaz et Sébastien Delogu sont, non pas dans un bateau, mais sur le plateau de BFMTV où ils sont invités à débattre. La première nommée est députée Rassemblement national de la 11ème circonscription de la Gironde, le second élu de La France Insoumise dans la 7ème de Marseille.
On ne me touche pas !
Voilà bien que, Mme Diaz, cherchant très aimablement à inviter son interlocuteur à ne pas l’interrompre à tout bout de champ comme il le fait, se laisse aller à, de sa main, effleurer son bras. Que n’a-t-elle osé là ! Crispation outragée de son voisin de plateau qui, très ostensiblement, se raidit, se cabre, se détourne. Il en serait presque à exiger qu’on fasse appel aux services de décontamination. Les deux journalistes en charge de l’émission, Olivier Truchot et Alain Marschall, ne manquent pas de souligner le ridicule d’un tel comportement. « On ne me touche pas ! On ne me touche pas ! » s’offusque alors le soi-disant offensé, la prétendue victime de l’épouvantable agression. Va-t-il saisir les tribunaux pour harcèlement, violence à caractère sexuel, gestes déplacés, atteintes à son intégrité physique ? On ne peut l’exclure.
Il reste à tenter d’expliquer cette réaction épidermique, au sens propre du terme. J’avoue mon incapacité à comprendre une telle répulsion devant le geste, plutôt sympathique et apaisant, d’une femme, au demeurant charmante. Moi, voyez-vous, je serais plutôt du genre à en redemander. Mais bon. Je ne suis ni député, ni – encore moins – LFI.
Gestes barrières
Il me manque, pour cela, le logiciel mental qui, très probablement, doit permettre d’expliquer la brutalité du rejet. Un logiciel dans lequel RN équivaut à peste brune, donc à un risque majeur de contagion, même au plus léger contact. Ce serait aussi la raison pour laquelle on se refuse, tout aussi ostensiblement, à serrer la main des élus RN à l’Assemblée nationale. Il y a de la prévention sanitaire dans cette sottise effrayante. Il y a aussi du vade retro satanas, puisque, selon la bible mélenchonienne, l’assimilation du RN à la peste se trouve enrichie d’une accusation d’inféodation aux œuvres du Malin. On pourrait penser que ce ne sont que des mots. On se tromperait. Ce genre de venin fait inexorablement son chemin dans certains esprits. Et quand, quasiment d’un bord à l’autre du spectre politique, on mobilise – non sans succès – les foules pour « faire barrage », il entre bien là-dedans une part de cet obscurantisme, de cet impensé totalement irrationnel. Barrage contre quoi ? Contre la peste brune, contre les armées du démon ? Ce n’est pas exprimé ainsi, certes. Mais cela s’entend tout de même au-delà des propos convenus, et des arguments fabriqués.
« On ne me touche pas ! » piaille donc le pauvre homme. Ce faisant, il excipe d’une illusoire qualité d’intouchable. Et c’est aussi sans aucun doute cette débile conviction qui l’a conduit, voilà peu, à se permettre d’emprunter à contre-sens et à toute vitesse un couloir de bus dans son aire électorale de Marseille. « On ne me touche pas ! » Aura-t-il probablement lancé aux policiers l’interpellant. Ça n’a pas marché. Pour que ça fonctionne à tous les coups, il faudra qu’il attende que lui et ses camarades aient pris le pouvoir. Alors là, ils se régaleront ! Nous autres, beaucoup moins.
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