Pour avoir contribué bien malgré lui à l’arrestation du bandit mexicain El Chapo (le trapu), en allant l’interviewer en secret, Sean Penn fait la Une du New York Post sous le titre « El Jerko » (l’abruti).
C’est facile de se moquer, si l’on se souvient que l’acteur révélé en 1986 par le sublime film de James Foley Comme un chien enragé confiait sous la présidence de George W. Bush dans une interview : « Nos dirigeants ne sont qu’une bande de menteurs et de criminels. »
Vraiment très facile si l’on n’a pas oublié qu’en 2005, le réalisateur génial de The indian runner, Crossing guard, The pledge ou Into the wild se rendait à Bagdad et à Téhéran et déclarait dans de nombreux entretiens : « Les plus grands ennemis de l’Amérique, ce sont ses habitants. »
Décidément trop facile quand on le revoit en août 2012, sur scène lors d’un meeting électoral du Président vénézuélien Hugo Chavez, ainsi qu’à ses funérailles officielles en mars 2013 où on l’entend encore reprocher à Bush sa « vision simpliste du bien et du mal ».
On s’amusera en cherchant à quels artistes français engagés on pourrait le comparer. On peut proposer Dieudonné pour le choix de ses destinations et de ses relations internationales ou Bertrand Cantat si l’on se rappelle qu’en 1987, Sean Penn agressait sa compagne Madonna en la frappant à la tête avec une batte de base-ball. Certes je comprends qu’on ait souvent eu envie de la cogner. Mais chez l’homme, le vrai, ce genre d’envie reste au stade de l’envie.
La comparaison me semble plus juste si on le rapproche de gens comme Mathieu Amalric ou Arnaud Desplechin qui nous enchantent par leurs talents d’acteur, nous épatent par l’intelligence de leurs films, et nous consternent régulièrement par leur conformisme et leur paresse intellectuelle quand ils prennent position sur le terrain politique.
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