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Se passer du passé ?

Le rêve des européanistes est de liquider la mémoire de la France


Se passer du passé ?
L'enseignant et essayiste Jean-Paul Brighelli © BALTEL/SIPA

C’est le titre de l’éditorial de notre ami Alain de Benoist en ouverture du dernier numéro de la revue Eléments. Son analyse a séduit apparemment notre chroniqueur, qui revient sur cette caractéristique extraordinaire de la modernité : l’élimination a priori de tout ce qui fut avant.


Alain de Benoist a mauvaise presse auprès des gens de gauche, qui lui reprochent, sans jamais l’avoir lu, d’avoir donné à la « nouvelle droite » les armes conceptuelles dont la Gauche revendiquait la propriété. Encore que cela change doucement : Front populaire (la revue souverainiste, pas le conglomérat de crétins qui a usurpé la mémoire de Léon Blum) est allé jusqu’à interviewer le rédacteur en chef de la revue, François Bousquet, pour éclaircir la position de notre philosophe désormais octogénaire — mais dont le petit doigt contient plus d’intelligence que toute la Gauche réunie.

Dans l’éditorial du dernier numéro (août-septembre) de la revue Eléments, « le magazine des idées à l’endroit », Benoist commence par signaler ce paradoxe français : si le public plébiscite les livres d’Histoire (et les romans historiques…), le système scolaire, lui, a décidé depuis lurette de faire table rase du passé, comme le suggère « L’Internationale » :« Tout se passe comme si l’Histoire devait être neutralisée ou vaporisée. Pourquoi ? Parce qu’elle est porteuse d’un récit que certains détestent et voudraient voir se clore. Parce qu’elle est porteuse de tous les dangers de la mémoire. Parce qu’elle renvoie à quelque chose qui n’aurait rien à nous dire, sinon susciter en nous des pensées incorrectes : le passé ».

J’ai expliqué dans La Fabrique du crétin que derrière cette éradication scolaire de l’Histoire, il y a le rêve des européanistes de liquider la mémoire de la France. D’éviter qu’une référence aux rois qui ont fait la France, aux grandes journées qui l’ont ébranlée ou fortifiée, se greffe dans les cervelles enfantines, alors que l’actualité (Mbappé, les Jeux olympiques, et le fait qu’il fasse chaud en été) fournit des réponses aux grands questionnements de notre temps : Zaho de Sagazan a-t-elle du talent, le McDo est-il hallal, avec qui Lucie Castets a-t-elle fait l’enfant qu’elle partage avec sa « femme »…

Autrement plus important que de savoir comment l’UE finance les réseaux fréristes à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros n’est-ce pas… Ou comment l’Angleterre a-t-elle fini par exploser de colère en se voyant livrée à la charia et aux meurtres rituels… Les journalistes ont choisi leur camp.

Alain de Benoist épingle « ceux qui rêvent d’une Europe seulement dotée d’une « mémoire négative », ceux qui ne s’intéressent au passé que pour en faire un repoussoir, un motif de repentance […] Pour les pétroleuses du néoféminisme, le passé, c’est la domination et le patriarcat. Pour les « wokistes », le passé n’a été qu’obscurantisme, colonialisme, persécutions et discriminations — à oublier d’urgence, sinon pour prononcer un mea culpa permanent ».

Taubira et consorts frappent plus dur que Jéhovah.

C’est une bien curieuse idée que celle de la culpabilité du fait des « fautes » de nos pères — une idée judéo-chrétienne, en fait : « J’agis contre celui qui a péché, dit le Seigneur (Exode, 34, 6-7), contre ses enfants jusqu’à la troisième ou quatrième génération ». Les wokes actuels font bien mieux, ils vous reprochent les fautes de vos aïeux les plus anciens. Pas de pardon dans le monde de la faute universelle. Taubira et consorts frappent plus dur que Jéhovah.

En tout cas, tant que vous êtes Blancs. Cette même livraison d’Eléments propose une interview de Jeremy Carl, récent auteur de The Unprotected Class : How Anti-White Racism is Tearing America Apart. La charte des droits civiques de 1964 rend impossible, quand on est Blanc, de se plaindre de racisme. Au point que nombre de Blancs, pour peu qu’ils aient quelque part un ancêtre vaguement basané, revendiquent une appartenance à l’une ou l’autre des communautés protégées par la Constitution — ce que ne sont pas les Blancs.

Un rêve pour les partisans de la culpabilité indéfiniment diluée.

Daoud Boughezala a de son côté recueilli les propos de Morgan Sportès, qui n’est pas un écrivain négligeable, et qui note, l’air de rien : « Les Possédés de Dostoïevski étaient des fanatiques politiques, mais ils avaient une culture révolutionnaire. Nos djihadistes sont pour la plupart des zombies incultes. C’est en cela qu’ils sont des dépossédés ». L’un des objectifs-phare de l’Educ-Nat actuelle, c’est d’empêcher les élèves de posséder ne serait-ce qu’un semblant de mémoire collective — ce qui les constituerait en collectivité française au lieu de les compartimenter en communautés antagonistes.

Nous allons en crever. Et les profs d’Histoire qui se complaisent, pour acheter la paix scolaire, à évoquer la traite atlantique sans même mentionner la traite saharienne, bien plus durable et meurtrière, sont des salopards qu’il faut révoquer urgemment.

Nous n’avons de culpabilité que par rapport à nos propres actes. Ce qu’ont fait mon père ou mon grand-père n’est pas de mon ressort. Et quand un Musulman, à Montpellier, massacre dans le tramway un Blanc qu’il soupçonne sans raison d’être juif — pour les fanatiques, tous les Blancs sont Juifs —, il doit être puni lourdement, et pas condamné à un an ferme sans maintien en détention, ce qui lui permettra de recommencer demain — sous les yeux las des autres voyageurs dont aucun n’est intervenu. Qu’aurions-nous entendu si un partisan du RN était tombé à bras raccourci sur un Maghrébin ou un Africain — la ville n’en manque pas…

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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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