Bien que peu portés aux écoutes illégales, aux vols de Blackberry, ou même au hacking citoyen, la rédaction de Causeur a réussi à se procurer, huit heures avant le discours stratégique sur la crise et l’Europe que doit prononcer le président ce soir, plusieurs extraits-clés de son fameux discours de Toulon.
On ne va pas s’ennuyer ce soir dans le Var, lisez par vous-même, le président ne tournera pas autour du pot, désignera les vrais coupables et pointera explicitement ce qui ne peut plus durer :
« L’autorégulation pour régler tous les problèmes, c’est fini. Le laisser-faire, c’est fini.
Le marché qui a toujours raison, c’est fini. Il faut tirer les leçons de la crise pour qu’elle ne se reproduise pas. Nous venons de passer à
deux doigts de la catastrophe, on ne peut pas prendre le risque de recommencer. Si l’on veut reconstruire un système financier viable, la moralisation du capitalisme financier
demeure la priorité.»
Les oreilles des banquiers vont donc siffler ce soir, mais aussi celles de Moody’s, Fitch et consorts :
« Il va falloir se décider à contrôler les agences de notation qui ont été défaillantes, et faire en sorte que plus aucune institution financière, et plus aucun fonds ne soit en mesure d’échapper au contrôle d’une autorité de régulation. »
Quant à la BCE et la Commission de Bruxelles, elles vont aussi passer une mauvaise soirée :
« L’Europe doit se donner les moyens
d’agir quand la situation l’exige et non se condamner à subir.
Si l’Europe veut préserver ses intérêts, si elle veut avoir son mot à dire dans la réorganisation de l’économie mondiale, si elle veut se donner les moyens de sortir renforcée et non pas affaiblie de la crise actuelle, elle doit engager une réflexion collective sur sa doctrine de la concurrence qui n’est, à
mes yeux, qu’un moyen et non une fin en soi, sur sa capacité à mobiliser des ressources
pour préparer l’avenir, sur les instruments de sa politique économique, sur les objectifs
assignés à la politique monétaire. Je sais que c’est difficile parce que l’Europe c’est 27 pays,
mais quand le monde change, l’Europe doit changer aussi. Elle doit être capable de
bousculer ses propres dogmes »
Bon d’accord, j’ai triché. Certes il s’agit bien du discours de Toulon, mais de celui, magnifique par ailleurs, prononcé dans cette même ville il y a déjà trois ans, le 25 septembre 2008, par le même Nicolas Sarkozy. Avec les résultats qu’on sait…
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