Si la réalité dépasse parfois la fiction, c’est que la fiction précède souvent la réalité. La littérature prévoit l’avenir. Cette chronique le prouve.
Il y a parfois, dans la chaleur de l’été, un moment où, à la lecture d’un article de presse à l’air anodin, une sueur glaçante vous sort de votre léthargie : Le Monde, édition du 10 août, pages intérieures : « L’État se met aux sciences comportementales ». Sous-titre : « Par l’incitation douce, le gouvernement cherche à concevoir des politiques sans contraintes ni sanctions ». L’idée de transformer le gouvernement des peuples en une science exacte : angoisse immédiate. L’idée ne date pas d’hier, et elle n’est pas nécessairement totalitaire, au moins dans l’intention. On se souvient pourtant du Rousseau
