Les théories racialistes, très en vogue à gauche, embarrassent Science Po. Une bien mauvaise soupe !
La « blanchité » a encore frappé ! Il semblerait d’ailleurs qu’elle ne sache plus faire que ça… Et comme la liste des reproches n’était pas assez exhaustive encore ; on en a remis une bonne louche avec la « blanchité alimentaire ». Tout un programme !
Pollution américaine
Concept (s’il en est) défendu par une chercheuse du CNRS, Mathilde Cohen, qui a expliqué, dans le cadre d’un colloque organisé par Sciences Po Paris, que – attention – « les habitudes alimentaires sont façonnées par les normes des classes moyennes supérieures blanches » contribuant ainsi à « renforcer la blanchité comme identité raciale dominante ». Inutile de préciser que ladite chercheuse est également maître de conférences dans une université américaine, parce que ça ne s’invente pas.
À l’appui de deux proto arguments, elle affirme donc que le poisson le vendredi à la cantine, c’est mal ; et que le droit contribuerait à faire de nos habitudes alimentaires à la française un « régime alimentaire privilégié et juridiquement protégé ». Excusez-vous d’être les héritiers d’une patrie qui a fait de la gastronomie un art à part entière, et que, par ailleurs, tout le monde nous envie ! Mais c’est sans doute justement là le problème.
Les vraies questions sociales sur l’alimentation délaissées
L’obstination de vouloir voir des discriminations raciales partout leur fait oublier qu’il y a un problème plus urgent à régler. C’est que les enfants de classes populaires ont encore aujourd’hui quatre fois plus de risque d’être obèses que les enfants de classes supérieures. Et s’il y a 8% d’obèses chez les cadres, il y en a 17% chez les ouvriers. Alors le problème n’est pas tant celui du « manger français » ou non, mais dans le fait de rendre accessible à tous le « bien manger », qu’il soit français, chinois ou marocain.
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Malgré les remous qu’ont provoqué les polémiques sur les cantines scolaires, on aurait plutôt envie de considérer que, pour certains gamins, c’est plutôt une chance de pouvoir échapper, une fois par jour, au Nutriscore E. Mais c’est là un sujet qui demeure malheureusement tellement actuel qu’il en est devenu passé de mode.
Profusion de théories indigestes
C’est encore autre chose qui doit nous faire dresser les poils. L’Institut d’Études Politiques de Paris a, en effet, tenu à préciser que les propos malheureux qui ont été tenus par Mathilde Cohen n’engageaient en rien l’École elle-même. Comprendre : les propos ne peuvent ternir l’image de l’École. Sauf que, jamais à l’abri d’aucune forme d’opportunisme, les mêmes boniments n’ont pas pour autant été fermement condamnés par l’IEP. Sans doute est-ce pour l’ex-prestigieuse École une manière de briller encore… Auquel cas la tristesse doit s’ajouter à la révolte.
Ce qui est sans doute plus triste encore, c’est l’état de déréliction totale dans lequel se trouve la Recherche en sciences humaines aujourd’hui dans nos universités. Rechercher, c’est avant tout vouloir mettre le doigt sur des vérités, ce qui implique d’emblée la neutralité. Or la recherche n’en finit plus aujourd’hui de faire les yeux doux à l’idéologie dont tout le monde sait que, par définition, elle est toujours approximative et s’arrange plus que moins avec l’exactitude. Mais qu’importe, il s’agit de donner du biscuit à ses néo-thaumaturges qui feignent de croire (mais, doux Jésus, peut-être le croient-ils vraiment) qu’il suffit de faire de beaux discours déconstructeurs pour encore construire quelque chose. Et parce qu’il faut quand même rendre le machin digeste, c’est avec une bonne dose d’ornements conceptuels complètement fallacieux et une pincée de néologismes.
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Rendormez-vous, les woke !
Il y a là un dévoiement complet du sens même de démocratie, où le rapport de forces n’en finit plus de se substituer aux débats, et la provocation de tenir lieu d’opinion. Ironie du sort : c’est en voulant rendre la justice à tous les « persécutés » que les woke ne font rien autrement que de perpétuer la dichotomie insoluble du « nous » et du « eux ». Mais c’est encore une manière de se repentir que de se tirer une balle dans le pied. Sûrement flatteur aussi de se chercher partout des problèmes à régler.
Je ne sais pas pour vous, mais moi, face à tant d’inepties, je me retrouve souvent désarmée et finis par souscrire définitivement à la sentence de Philippe Bouvard : « la démocratie, c’est la moitié des cons plus un ». Et si c’est ça être « éveillé », je préfère encore dormir.