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Sauvez la France, sortez de chez vous !

Notre numéro de mai est en vente


Sauvez la France, sortez de chez vous !

Covid-19, Seine-Saint-Denis, Proust, cuisine russe, Adèle Haenel: notre numéro de mai est en vente dans une France déconfinée. 


En mai, fais ce qui te plaît… tant que tu restes masqué, distancé, sinon confiné dans ton trente mètres carré. Comme de bien entendu, Elisabeth Lévy pose les questions qui dérangent : « valons-nous vraiment mieux que ceux qui nous gouvernent ? » Après deux mois de claustration forcée, des millions de Français, qui redoutent légitimement le choc économique annoncé, ne peuvent plus attendre. Mais beaucoup d’autres, adeptes du risque zéro et de la morphine étatique, rechignent à reprendre le travail et exigent que l’État les couve comme une mère juive. « L’objectif, légitime, de protéger les plus fragiles en évitant la surcharge hospitalière a été atteint. Mais nous, nous avons retenu le mot « risque » et maintenant qu’ils nous demandent de reprendre le boulot, c’est un festival de « on ne veut pas y aller » et de « maman j’ai peur ». », souligne notre directrice de la rédaction.

La mort, cette inconnue

D’où l’antienne qui trône en « une » de ce numéro : « Sauvez le pays, sortez de chez vous ! », vous exhorte Vercingétorix façon « oui nide iou ». Dès l’entame, Alain Finkielkraut défend la nécessité du confinement, pourfend l’égoïsme sanitaire des adeptes de la liberté inconditionnelle et analyse la condition de nos « politiques prisonniers » des procès de leurs administrés. Pour Pierre Vermeren, si l’hexagone figure dans le peloton de tête des pays industrialisés les plus durement touchés par le Covid-19, ce bilan désastreux est dû à la lourdeur de notre appareil administratif obsédé par le respect des normes, même en temps de guerre. Guillaume Cuchet, l’auteur de Comment notre monde a cessé d’être chrétien, estime que notre surréaction au léger rebond de mortalité provoquée par le Covid-19 révèle notre hypersensibilité à la mort. En l’absence de fléaux ou de grandes guerres depuis des décennies, l’allongement de l’espérance de vie est devenu un droit de l’homme. D’ailleurs, à l’heure où la mort est devenue inacceptable, rien n’est plus tabou que de s’interroger sur le coût d’une vie sauvée pour la collectivité. Le spécialiste de l’économie de la santé Ariel Beresniak soulève ce tabou : pour répondre aux besoins sanitaires illimités d’une population angoissée, l’État-providence dispose de ressources limitées et doit définir des priorités.

Sur le terrain, l’étudiant en sixième année de médecine Charles Seyrol, engagé comme infirmier de nuit en soins intensifs dans un service Covid +, raconte sans tambours ni trompettes sa drôle de guerre passée à diagnostiquer et veiller les malades.

Du côté de l’arrière, Sami Biasoni prend la défense des milliers de Parisiens qui ont quitté la capitale pour rejoindre une maison de campagne. Culpabilisés et dénoncés comme des agents infectieux, ces bourgeois des villes font tourner l’économie rurale tout en redécouvrant les vertus du lien familial. Vertueuse bourgeoisie, aurait titré Drieu…

Les Chinois à Paris, Milan, Le Pirée…

Cap sur l’international. À l’échelle de la planète, difficile d’échapper au virus. Amaury Martin s’interroge sur la responsabilité française dans l’installation du fameux laboratoire P4 de Wuhan. Certains ont soupçonné cette unité ultrasensible d’être à l’origine de la pandémie. Si rien ne le prouve, la livraison à la Chine de cette infrastructure révèle la naïveté confondante de notre diplomatie. À l’inverse, Jeremy Stubbs prône un front commun occidental face à la stratégie de domination mondiale du Parti communiste chinois. Quant aux États-Unis, qu’arpente le reporter Alexandre Mendel, au nombre de morts du Covid-19 dans le pays s’ajoutent la tragédie du chômage et le refus du confinement. Du Texas au Dakota, les citoyens brandissent la Bible et la Constitution pour défendre leurs libertés.

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Ouvrons le dossier Cyril Bennasar. L’ours confiné répond « non merci » à la charité de l’État, le tout en vers et contre tout. Puis ce menuisier fâché avec l’Urssaf s’initie au courant juif libéral, mixte et paritaire, se découvrant nostalgique d’une tradition qui le dépasse.

93, voilà les flics

Notre envoyé spécial en Seine-Saint-Denis Erwan Seznec explore la France d’après la France. Policiers, professeurs et autres fonctionnaires fuient ce département à l’immigration galopante où la consommation de drogue s’est banalisée.

Enfin, sans oublier le moi de Basile de Koch, la rubrique culture donne une fois de plus dans l’éclectisme le plus complet. Paul Thibaud dresse le portrait d’Adèle Haenel. Dans la cour insistante que lui a faite le réalisateur Christophe Ruggia pendant son adolescence, l’actrice voit rétrospectivement une « emprise » masculine. Son récit victimaire est emblématique du néoféminisme épurateur et réfractaire au dialogue.

Autre totem à déboulonner: l’art contemporain. Malgré le confinement qui les prive de public comme tous les acteurs de la culture, les Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC) vont très bien merci pour eux. De quoi s’interroger sur l’utilité de ces promoteurs d’un art abscons. Une enquête signée Pierre Lamalattie. Rayon littérature, Jérôme Leroy relit les œuvres de jeunesse Proust ainsi que les souvenirs de sa mère qui éclairent la métamorphose d’un jeune homme à la mode en écrivain. Enfin, Emmanuel Tresmontant célèbre la cuisine russe. À la fois populaire et aristocratique, cette grande dame nourrit la gastronomie française depuis deux siècles. Vivement l’heure du déconfinement mondial !

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est journaliste.

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