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Sarkozy-Olivennes, où est le problème ?


Sarkozy-Olivennes, où est le problème ?

On nous dit que le service politique du Nouvel Observateur gronde. Son nouveau patron, Denis Olivennes se serait vendu à l’Infâme. Chez mes amis de Marianne2, Régis Soubrouillard nous explique que le Nouvel Obs veut devenir la gazette de la Cour. Je suis vraiment désolé mais Régis se trompe.

Malgré tous les beaux discours républicains d’Henri Guaino, Nicolas Sarkozy a toujours été fasciné par la « deuxième gauche ». Lorsqu’il était le factotum d’Edouard Balladur, alors que ce dernier, Premier ministre, préparait sa quête de la présidence, l’actuel locataire de l’Elysée entretenait les meilleures relations avec toute l’intelligentsia politico-médiatique qui se réunissait dans la Fondation Saint-Simon. Alain Minc, déjà à l’œuvre, se définissait « de gauche et libéral », et milita ouvertement pour Edouard Balladur, cela rapidement facilité par le fait que Jacques Delors eût exprimé son peu de goût pour les campagnes électorales. Nicolas Sarkozy tira deux conclusions de cette époque. D’abord, il ne faut absolument pas être identifié à la « pensée unique » et il faut toujours la vilipender, ainsi que l’avait fait Jacques Chirac. Enfin, et surtout, ces idées là sont évidemment les bonnes et il faut les mettre en œuvre discrètement, c’est à dire en les travestissant d’un discours inverse.
Cette stratégie fut admirablement appliquée lors de la campagne présidentielle de 2007. Profitant de l’absence d’un candidat gaulliste, il put tenir le discours républicain et patriote qu’attendait son électorat, tout en veillant bien à ce que le programme de l’UMP, en parfaite contradiction avec ses prestations publiques, détaille toutes les mesures à prendre dans la volonté d’adaptation à la mondialisation, vieille marotte de la droite libérale et de la gauche libérale.

Traité de Lisbonne, Rapport Attali, appel à Kouchner et Jouyet, appui de la candidature de DSK au FMI inaugurèrent ainsi les premiers mois du quinquennat Sarko. Il y eut aussi la remise du rapport Olivennes – tiens, tiens[1. Denis Olivennes, alors patron de la FNAC, proposa alors l’essentiel de ce qui allait devenir la Loi HADOPI. A passage, demander à un vendeur de disques de pondre un rapport sur le sujet revenait à commander une étude sur l’alcoolisme au PDG de Pernod-Ricard.]… Seulement voilà, bien que fasciné par l’intelligence de ces gens là, Nicolas Sarkozy ne pouvait pas s’empêcher de se comporter comme un vulgaire Bernard Tapie, horresco referens dans ce milieu. C’est là qu’interviennent deux évènements majeurs : Carla et la crise.

Grâce au mariage avec Carla Bruni, Nicolas Sarkozy a pu reprendre langue avec la gauche caviar. Après avoir tenté une communication mélangeant maladroitement George Bush et Georges Marchais, il s’est rendu compte, qu’il s’agissait là d’une impasse. En découvrant que les références négatives à La Princesse de Clèves avaient produit un engouement pour Madame de La Fayette au point que cette dernière grimpa en flèche aux classements des ventes, Carla et les communicants de l’Elysée s’activèrent et on apprit que le Président lisait maintenant Zola dans l’avion présidentiel, même si la conversion se révélait peu naturelle[2. Au point qu’il prononça “Roujon-Macquart” au lieu de Rougon-Macquart devant les journalistes stupéfaits.].

Et puis il y eut la crise où Nicolas Sarkozy exécuta une pirouette digne des meilleurs gymnastes : il n’eut plus que le mot “régulation” à la bouche, mot qui résonne agréablement aux oreilles des sociaux-démocrates de tout poil. Surtout pas de protectionnisme, cela ferait de la peine à Pascal Lamy et à DSK, mais de la ré-gu-la-tion ! En fait, on tente à peine de réguler le système bancaire et financier et c’est quand même la moindre des choses quand les Etats sauvent ce dernier de la faillite. En ce qui concerne les échanges de biens manufacturés, en revanche, il n’est pas question de réguler du tout. Le monde est mondial, ainsi que le chantent depuis longtemps Jacques Attali, Alain Madelin et Daniel Cohn-Bendit.

Denis Olivennes, en définitive, sert les idées qu’il a toujours défendues. Jean Daniel l’a compris, lui le fondateur du journal. Les journalistes du Nouvel Obs, si on leur explique bien, devraient bien finir par le comprendre eux aussi.
En revanche, pourquoi Valeurs actuelles n’est pas encore un journal d’opposition ? Cela, j’ai davantage de mal à me l’expliquer…



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