Contrairement à ce qu’on ne cesse d’entendre depuis 24 heures, ce n’est pas le découragement qui animait les nombreux militants et sympathisants présents à la Concorde dimanche après-midi, mais plutôt la persévérance et l’espérance mêlées à une sourde et tenace colère. Je sais de quoi je parle, j’y étais, et pas sur la tribune de presse à lire les tweets des confrères, mais au beau milieu des anonymes du peuple de droite.
Pour moi c’était une première : il y avait eu la manif contre Mai 68 lancée après le retour du Général De Gaulle de Baden-Baden, puis celle de 84 pour défendre l’enseignement libre mis en péril par la loi Savary sous Mitterrand. Et puis c’est tout. L’électeur de droite n’a pas l’habitude de descendre dans la rue et occuper l’espace public pour se montrer et se faire entendre.
Pourtant « si c’est Hollande qui passe, il va bien falloir qu’on apprenne » me déclare avec résolution un militant. Chauffeur routier à la retraite, il est venu avec sa femme au rendez-vous de la Concorde. « C’était dur ce matin. On s’est levé à 4h et on a pris le train tôt mais ça vaut le coup. On veut être entendu et montrer qu’on est bien là pour soutenir Sarko. Y’ en a marre de la pensée unique de gauche des médias, des syndicats, des professeurs, des juges. » Ce coup de gueule fait suite aux cris du cœur. « Vous êtes l’armée des braves » lance Jean-François Copé en reprenant les propos de Napoléon adressés à ses troupes le soir de la victoire d’Austerlitz. Les drapeaux tricolores s’agitent, les âmes vibrent et les voix scandent « Nicolas », « Hollande en Corrèze !» ou encore « On va gagner !».
La foule de la Concorde n’était là pour s’amuser mais pour retrouver le dynamisme que Nicolas Sarkozy avait su insuffler lors de la campagne de 2007 et surtout pour démentir ceux qui soutiennent que la gauche a déjà gagné. Certes, le peuple de droite a répondu à l’appel du Président et a fait sien son discours sur la noblesse du courage qui redresse le pays et qui rallie les volontés disparates en les orientant dans un même sens vers l’avenir. Mais l’ombre de la défaite ne cesse de planer. Et avec une sage gravité, ma voisine de gauche (au sens topographique seulement) se sent déjà prête à riposter : « Si Hollande passe, l’indignation sera à droite pour une fois. Le petit peuple se soulèvera et on entendra alors sa fureur ! »
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !