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Lobby juif : l’incident n’est pas clos


Lobby juif : l’incident n’est pas clos

Interrogé par PPDA et Arlette Chabot au sujet des déclarations du ministre algérien des Anciens combattants sur le rôle décisif du lobby juif dans son élection, Nicolas Sarkozy a cru devoir leur répondre que l’incident était clos.

Je reconnais toutes sortes de prérogatives au Président mais, à mon avis, il n’a pas le pouvoir de clore cet incident-là. Il a parfaitement le droit de fermer le ban dans une affaire qui ne concernerait que lui-même. D’ailleurs, il l’a déjà fait, et à bon escient : je n’ai pas entendu dire que le marin-pêcheur du Guilvinec qui l’a traité d’enculé ait été poursuivi pour injures au chef de l’Etat, ni même pour diffusion de fausses nouvelles. L’incident est clos.

Mais là il ne s’agissait pas d’une attaque personnelle d’un ministre algérien contre le chef de l’Etat. Le ministre en question n’a pas déclaré que Nicolas avait mauvais caractère, que ses cigares puaient ou qu’il s’habillait au rayon grande taille chez Jacadi. Il a déclaré que le chef de l’Etat devait son élection au lobby juif. Ce qui appelle quelques remarques.

Tout d’abord c’est arithmétiquement très improbable. 2 192 698 voix séparaient les deux candidats ; si tant est qu’il y ait un lobby juif (c’est un autre débat) et si tant est qu’il ait pesé de tout son poids pour l’un plutôt que pour l’autre (c’est encore un autre débat), on l’imagine mal déplaçant autant d’électeurs. S’il était avéré qu’une majorité de juifs a voté Sarkozy, cela ne suffirait d’ailleurs pas à faire de lui le candidat dudit éventuel lobby – sauf à considérer conséquemment que Ségolène Royal était, elle, la candidate du lobby musulman. Rappelons en effet que selon un sondage réalisé à la sortie des urnes dimanche 22 avril par l’institut CSA-CISCO pour La Croix, 64% des Français musulmans ont voté pour Ségolène Royal au premier tour de la présidentielle, contre 19% pour François Bayrou et 1% pour Nicolas Sarkozy. Voilà pour les données chiffrées dont, à mon humble avis, M. Bouteflika et son « ministre des moudjahiddine » se contrefichent, un peu comme moi en vérité, tant il est patent que le problème est ailleurs.

Car, quand on fait une telle déclaration, que dit-on ? Qu’en réalité le président de la République ne doit son élection qu’à des manœuvres souterraines. Et on démasque les coupables. Les juifs et leur lobby, à cause desquels 60 millions de Français se trouvent affublés d’un président de facto illégitime.

On m’objectera peut-être que le président algérien s’est désolidarisé de son ministre. Foutaises ! Que nous dit le site du Quai d’Orsay ?

Le Président de la République et le Président Bouteflika ont eu le 29 novembre une communication téléphonique. La question des déclarations prêtées au Ministre algérien des Moudjahiddine a été abordée. Le Président Bouteflika a souligné que de tels propos ne reflètent en rien la position de l’Algérie et que le Président français sera reçu en ami au cours de sa visite d’État en Algérie, visite essentielle pour les deux pays.

Le mot excuse ou le mot sanction n’ont donc pas été prononcés. Ni bien sûr par M. Bouteflika. Ni d’ailleurs par l’Amicale des Algériens en France, ni par le Recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, pourtant « réputé proche » des autorités algériennes. C’est au minimum ce qu’il aurait fallu pour que l’incident soit clos.

Car l’Algérie n’est pas le Paraguay. Plusieurs centaines de milliers d’Algériens vivent en France. Notre pays compte aussi un nombre conséquent de bi-nationaux et de Français originaires d’Algérie. On peut être certain que l’immense majorité d ‘entre eux ne prêtera pas plus d’attention à cette déclaration qu’aux autres mensonges proférés régulièrement par l’Etat algérien, et c’est très bien comme ça. Mais il ne faut pas se le cacher, une infime minorité de ceux-ci risque de sentir confortée dans son antisémitisme. Cette menace aurait pu, aurait du, être étouffée dans l’œuf par une réaction radicale de M. Bouteflika, qui avait, lui, le pouvoir de clore l’incident…

Si ces jours-ci, un enfant à kippa se fait traiter de sale youpin dans le métro, ou si une boucherie kasher se fait caillasser par des voyous décérébrés, ce sera un peu grâce à M. Bouteflika.

L’incident n’est pas clos.

NB : Toujours sans être sanctionné, le même ministre des Anciens Combattants a expliqué le ralliement de Bernard Kouchner au gouvernement par ses origines ethniques. Mais alors, quid du ralliement de Fadela Amara ? Il a aussi déclaré, dans l’indifférence générale, que la présence d’Enrico Macias dans la délégation ne l’aurait pas dérangé « parce qu’il n’est pas algérien ». Nous y reviendrons…



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De l’Autonomie ouvrière à Jalons, en passant par l’Idiot International, la Lettre Ecarlate et la Fondation du 2-Mars, Marc Cohen a traîné dans quelques-unes des conjurations les plus aimables de ces dernières années. On le voit souvent au Flore.

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