Deux ans après le massacre de Sarah Halimi dans son appartement parisien, la perspective d’un procès s’éloigne. Une troisième expertise psychiatrique du tueur présumé, Kobili Traoré, a conclu à son « irresponsabilité pénale ».
Deux ans.
Il y a deux ans, presque jour pour jour, Sarah Halimi mourait sous les coups de poings acharnés de son agresseur, celui-ci alternant insultes, sourates du Coran, cris d’ « Allahou Akbar » et de « Sheitan ».
Sarah Halimi, deux ans de combat
Deux ans de combat. Pour tenter d’obtenir la reconnaissance de la préméditation, des actes de torture et de barbarie, une reconstitution. Vaines tentatives, toutes les demandes d’actes ayant été rejetées par la juge d’instruction.
Il aura fallu attendre dix mois à compter de ces faits ignobles pour que la circonstance aggravante d’antisémitisme soit enfin retenue.
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Deux ans et trois expertises judiciaires dont deux penchent désespérément vers l’abolition du discernement, alors que la première avait seulement estimé qu’il était altéré. Une abolition provoquée, nous dit-on, par l’usage abusif de cannabis. Deux ans après les faits, sur les seules déclarations du tueur présumé Kobili Traoré, deux collèges d’experts concluent à la démence de ce dernier pendant les 20 minutes de torture qu’il a fait subir à Sarah Halimi. Pas de démence avant, pas non plus après.
Qui est irresponsable ?
Peu importe que Kobili Traoré ait eu suffisamment conscience de la présence du chandelier et de la Torah dans l’appartement de Mme Halimi ce qui aurait accentué son agressivité.
Peu importe que Kobili Traoré ait eu suffisamment conscience de la présence des policiers dans la cour de l’immeuble pour leur hurler qu’une femme venait de se suicider après avoir défenestré sa victime encore vivante.
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Peu importe que Kobili Traoré ait vécu plus de vingt ans un étage en dessous de l’appartement de Mme Halimi et savait, comme tous ses voisins, qu’elle était juive pratiquante.
Peu importe que Kobili Traoré ait prétendument décidé de fumer du cannabis toute la journée précédant le meurtre alors qu’il avait parfaitement conscience de l’effet de la drogue sur son organisme – pour en consommer à haute dose depuis l’âge de seize ans. Mais dès lors, eut-il subi une bouffée délirante aigüe causée par une surdose cannabinique intentionnelle, ne reste-t-il pas néanmoins responsable de ses actes pour s’être mis délibérément dans cet état ?
In memoriam Sarah Halimi
Alors que la consommation volontaire d’alcool est une circonstance aggravante dans tous les délits, se pourrait-il que l’intoxication volontaire au cannabis soit désormais considérée comme une circonstance atténuante dans les procès criminels ?
Et les terroristes sous drogue qui commettent des attentats seront-ils considérés comme irresponsables pénalement ?
Dément, Kobili Traoré ne serait pas pénalement responsable. Mais en l’absence de pathologie mentale chronique, il ne serait pas non plus hospitalisable d’office à long terme.
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Deux ans et un procès aux assises qui semble s’éloigner.
Que fera-t-on de Kobili Traoré ?
Que fera-t-on pour la mémoire de Sarah Halimi ?
Que fera-t-on pour que justice soit rendue ?
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