Sarah Bernhardt incarne et inspire tous les superlatifs : grande, divine, unique, impératrice… Des planches à la ville, cette comédienne hors du commun est entrée dans l’histoire par son excentricité et sa force de caractère. Une exposition au Petit Palais en témoigne.
« Oui, prince, je languis, je brûle pour Thésée. Je l’aime, non point tel que l’ont vu les enfers… », Phèdre, acte II, scène 5. La somptueuse exposition « Sarah Bernhardt » qui vient d’ouvrir ses portes à Paris pour commémorer le centenaire de sa mort, permet au visiteur d’écouter pendant une minute et 45 secondes, cornet à l’oreille, cette voix unique gravée sur cylindre, cette inimitable emphase chevrotante. C’est la « Divine », c’est toute une époque.
En son temps, Sarah Bernhardt (1844-1923) est une icône aux yeux du monde entier. On l’appelle « l’Enchanteresse », « l’Unique », « la Voix d’or »… Le fils de Réjane, autre comédienne, écrit : « Sarah Bernhardt, vers 1900 : plus qu’une impératrice, une espèce de divinité. » Et de préciser : « Je crois qu’au point de vue de sa situation dans le monde, Victor Hugo est le seul qu’on puisse lui comparer. » À ses funérailles, le 29 mars 1923, une foule gigantesque accompagne le cortège funèbre dont les chars tendus de noir, tirés par des chevaux caparaçonnés, traversent Paris jusqu’au Père-Lachaise. L’événement est filmé : c’est saisissant. La « Grande Sarah » avait 79 ans et la République, qui l’a décorée de la Légion d’honneur, lui refuse cependant le Panthéon. Celle pour qui Jean Cocteau invente l’expression « monstre sacré » y aurait pourtant sa place.
Renvoyée du conservatoire
« Quand même », telle est sa devise. Elle en estampille non seulement ses cartes de visite, mais aussi son linge, son papier à lettre, ses meubles, rideaux, vaisselle, et jusqu’à l’oriflamme qui, des années durant, flotte à la brise de Belle-Île, sur le toit du fortin qu’elle a aménagé pour y passer ses étés. Bien du chemin – quand même – pour
