Un roman de Sandra Vanbremeersch évoque la figure de la veuve de Louis-Ferdinand Céline.
Ma grand-mère, dieppoise, avait l’habitude de crier de sa cuisine : « Je vais pas attendre 107 ans ! » Je tardais à rapporter les assiettes vides. L’expression daterait de la construction de Notre-Dame de Paris qui dura 107 ans et causa l’impatience des Parisiens. La mort attendit 107 ans avant d’emporter Lucette Almanzor, femme de Louis-Ferdinand Céline. J’évoque Dieppe parce que Lucette y possédait un appartement dans un hôtel désaffecté, le Castel Royal. À la mort de Louis, en juillet 1961, elle était venue apaiser sa tristesse face à la mer céladon. Marc-Édouard Nabe raconte la villégiature dans son roman Lucette (Folio 5455). Il décrit l’arrivée à Dieppe, le port, les mouettes, la Manche pour horizon. « Au-dessus de la mer calmée, écrit Nabe, aujourd’hui exilé sur les bords du lac Léman, une symphonie de nuages tonitruait avec des couleurs. Du rose tant qu’on en voulait, mais du rose bien déchiré, pas gnangnan du tout, qui se laisse bien disloquer par de drôles de lueurs afin que tout le bleu du monde l’écharpe en joie. » Pour avoir vécu mon enfance dans une maison au bord de la falaise, je peux vous dire qu’il n’y a, en effet, rien de « gnangnan » dans cette région.
À lire aussi, Daoud Boughezala: La veuve de Louis-Ferdinand Céline, Lucette, est morte
Toujours dans ce roman, où l’émotion
