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Samuel Paty deux ans après: le terrible constat d’échec de l’Education nationale


Samuel Paty deux ans après: le terrible constat d’échec de l’Education nationale
Marche blanche en hommage à Samuel Paty, Conflans-Sainte-Honorine, 20 octobre 2020. ©Samuel Boivin/NurPhoto/AFP

Afin d’acheter la paix sociale, l’Education nationale est prête à tous les renoncements face aux incursions du fréro-salafisme à l’école. Il y a une seule façon authentique de rendre hommage à Samuel Paty: se montrer aussi courageux que lui.


Il y a deux ans, pour avoir simplement fait son travail d’enseignant, un professeur a été égorgé et décapité par un islamiste. On aurait aimé qu’il y ait un avant et un après Samuel Paty. Cela n’a pas été le cas. La mort de Samuel Paty a été traitée par l’institution comme un fait divers et non comme une des conséquences de la montée en puissance de l’influence des islamistes dans la communauté musulmane, notamment chez les jeunes. Depuis, le « pas de vague » règne toujours en maitre, le déni est toujours de mise et les provocations et menaces explosent.

La conquête serait une revanche justifiée

L’école est le théâtre d’un jeu de pouvoir. Pour les islamistes, attaquer la laïcité au nom de l’islam est un devoir et un symbole. A travers la chute de ce symbole, il s’agit d’acter la puissance du séparatisme qu’il porte en son sein. Pour les jihadistes, l’institution et les enseignants sont des cibles ; pour les idéologues, c’est un bastion à faire tomber, la seconde étape d’une conquête des territoires qui a commencé dans certains quartiers. Un rêve mobilisateur pour une partie de la jeunesse arabo-musulmane sous influence islamiste. Celle-ci pense qu’elle peut faire du pays de la laïcité, de l’égalité et de la liberté, une terre d’islam. Pour cela islamistes, racialistes et gauchistes répandent une propagande victimaire, à base d’accusations de persécution des musulmans et de dénonciation du colonialisme. Adopter les mœurs et la loi françaises devient une trahison de ses origines et de son identité. En revanche, la conquête devient réparation légitime pour les persécutions d’aujourd’hui et d’hier. Ce fantasme nourrit un imaginaire fondé sur le sentiment de puissance, la violence et le séparatisme.

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C’est ce qui s’exprime sans fard à l’école. Vendredi 14 octobre, le ministre est allé dans un lycée parisien pour assister à l’hommage rendu à Samuel Paty. Le journal L’Opinion fait un compte-rendu de cette visite d’autant plus effrayant que les lycéens vont très loin dans leur parole, y compris devant le ministre. A l’évocation de Charlie Hebdo et des attentats, un élève répond : « Plus vous allez continuer (avec la laïcité), plus il y aura des morts ». Et le reste des interventions des élèves est à l’avenant. En face, il n’y aura aucune réaction autre que le dialogue. Ce qui légitime l’attitude d’élèves qui ne rencontrent que peu la contradiction parce que les politiques refusent d’affronter l’ensemencement de leur cerveau par l’idéologie islamiste.

Depuis que ce crime horrible a été commis, le déni est toujours de mise à l’école de la République. Ainsi, alors que la note du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) évoquait avant la rentrée l’offensive anti-laïcité menée sur les réseaux sociaux et que celle-ci s’est traduite par l’offensive des vêtements religieux fréro-salafistes dans les collèges et les lycées, Pap N’Diaye feignait de découvrir que l’école était un lieu ciblé par les islamistes. Or, ces tensions ont été renseignées dès 2004 dans le rapport de Jean-Pierre Obin, inspecteur de l’Éducation nationale. Ce qu’il disait a été confirmé au fil du temps par les enquêtes réalisées sur les lycéens et sur le rapport des jeunes à la laïcité. Toutes les études montrent l’importance de la propagande islamiste dans les représentations de nombre de jeunes musulmans. Rien que dans la semaine qui vient de s’écouler, alors que tout le monde avait en tête l’hommage à Samuel Paty, deux professeurs ont été menacés de mort, l’un dans le Bas-Rhin, l’autre à Évry, les deux au nom de l’islam politique.

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Dernier épisode en date, la création d’un site de recueil de dénonciations de l’« islamophobie » en milieu scolaire. De quoi alimenter le rejet de ce qui fait la France et surtout accrocher une cible dans le dos des chefs d’établissement et des professeurs. Pour semer la haine et la violence, cette initiative est idéale. Pour lancer le site sans que sa dimension fréro-salafiste soit trop évidente, c’est la militante proche des indigènes de la République, Wiam Berhouma qui s’en est chargée, la même qui, en 2016, avait attaqué Alain Finkielkraut dans une émission sur France 2 en se faisant la porte-parole d’une soi-disant persécution des musulmans. Ce n’est pas pour rien si ce site est lancé au moment de la deuxième commémoration de l’assassinat de Samuel Paty, le but une fois de plus est d’occuper l’espace médiatique, de détourner l’attention des crimes islamistes pour mettre en avant une persécution des musulmans qui n’existe pas, alors que le terrorisme et le séparatisme, eux, déchirent notre pays.

La paix sociale au prix de la lâcheté

Or, la sœur de Samuel Paty, Mickaëlle Paty, a rappelé, lors de sa prise de parole à la Sorbonne pour la remise des prix organisée par l’association des professeurs d’histoire-géographie, à quel point ce drame a été favorisé par tout un biotope, au sein et en dehors de l’établissement. Samuel Paty a été forcé de s’excuser comme s’il avait commis une faute, pendant que le parent d’élève islamiste était reçu avec toutes les marques du respect. L’élève menteuse n’a jamais été confrontée à ses responsabilités car l’institution était plus soucieuse de de ne pas stigmatiser que de protéger. Sacrifier la respectabilité du professeur permettait d’acheter la paix sociale. Toute cette lâcheté a abouti à la mort d’un innocent. La terrible enquête de David Di Nota raconte la somme des lâchetés qui a abouti à ce drame. Force est de constater qu’en ce qui concerne l’Éducation nationale, la prise de conscience n’a toujours pas eu lieu. Malgré les hommages qui s’accumulent, ce qui serre le cœur c’est l’effroyable solitude et la peur qu’a dû vivre Samuel Paty. Il a été abandonné, et le pire reste ce sentiment douloureux que sa mort n’a servi à rien. Alors, plutôt que les messages larmoyants et sirupeux que vont nous offrir une partie des politiques qui nient toute référence à l’islamisme, le seul hommage que l’on devrait rendre à Samuel Paty serait de lui ressembler un peu et de faire preuve d’honnêteté, de goût de la transmission et surtout de courage. Aujourd’hui ce courage a déserté la politique et ce sont les innocents, accusés d’islamophobie, qui en payent le prix.

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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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