Même mort, un assassin reste un assassin


Même mort, un assassin reste un assassin

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La chaîne israélienne Canal 10 a diffusé le 23 décembre une scène où l’on voit (ou devine) qu’à l’occasion d’une cérémonie de mariage quelques affreux ultras miment de poignarder l’image du bébé Palestinien mort lors de l’incendie criminel de la maison de ses parents l’été dernier. Une enquête est en cours. Le gouvernement a sévèrement mis en garde pour que de semblables agissements ne se renouvellent pas.

Notre bonne presse s’est emparée de cette scène scandaleuse pour stigmatiser une fois de plus Israël. Il n’en a pas été de même lorsqu’en 1979, le très regretté Samir Kantar (par le Hezbollah et le Fatah, qui le considèrent comme un martyr[1. «(Kantar) mérite toute la gloire du Paradis, aux côtés des prophètes, des martyrs et des vertueux. Son martyre est une source d’honneur et de fierté pour nous et pour vous-mêmes. À sa famille et ses amis (nous souhaitons) la patience et (transmettons) nos condoléances. Nous appartenons à Allah et vers Lui nous retournons. (Signé) Votre frère Abbas Zaki, membre du Comité central du Fatah, Commissaire général aux relations sino-arabes. Palestine, Ramallah, le 20 décembre 2015.» Source :Twitter.com/fateha1965, le 20 décembre 2015.]) assassina de sang-froid, devant sa petite fille âgée de 4 ans, un jeune père de famille avant de fracasser le crâne de l’enfant. Il est vrai qu’il ne pouvait pas se contenter de suriner une photo. C’est sans doute la faute aux services Israélien d’avoir omis de la lui fournir. Et ce même Israël d’avoir sans la moindre mansuétude condamné le malheureux à la prison à perpète — ce qui permit à ce dernier de passer une thèse de doctorat ­—, avant de le libérer en 2008 lors d’un échange de prisonnier avec le Hezbollah contre la récupération des dépouilles de deux soldats de Tsahal, Ehoud Goldwasser et Eldad Regev, capturés en 2006 en territoire israélien alors qu’ils patrouillaient le long de la frontière du Liban.

Vieille histoire, me direz-vous, et pourquoi la rappeler ? Parce qu’à propos du raid qui mit fin à l’existence de Kantar, certains de nos journaux et non des moindres (Le Figaro, le Monde et Libération), malgré les actes de terreur qui endeuillent la France, continuent à sous-informer leurs lecteurs sur Israël qui en a connu et en connaît bien d’autres.

C’est ainsi que Le Figaro escamote la personnalité de Kantar en écrivant que « l’activiste libanais », tiens juste un « activiste », […] « Incarcéré en Israël pour sa participation en avril 1979 à une opération armée qui avait fait quatre morts dans le nord de l’État hébreu… » Ben quoi, juste un fait de guerre, la petite fille et son père étant de redoutables ennemis !

Quant au Monde : « Ancien militant du Front de libération de la Palestine (FPLP), incarcéré pendant près de trente ans en Israël pour une opération meurtrière qui y avait fait quatre morts, dont une fillette de 4 ans, ce druze libanais avait rejoint aussitôt après sa libération le Hezbollah… » Bravo, dont une fillette de 4 ans, sans mentionner son père, comme une simple bavure. Rien à voir avec un crime !

Et Libération : « Un beau coup pour les services de l’État hébreu, qui rêvaient depuis longtemps de se débarrasser de celui qu’ils présentaient comme un « architerroriste ». En avril 1979, ce druze né au Liban s’était infiltré dans le nord d’Israël avec un commando du Front de libération de la Palestine pour y prendre des otages, faisant quatre morts ».

L’État hébreu est toujours dans la disproportion, un « architerroriste », c’est quasiment diffamatoire, non ! Et puis, 4 morts : 2 policiers, certes, et les deux autres, voir plus haut.

Morale de l’histoire : vous la trouverez de vous-mêmes, lecteurs de ce canard sauvage non-subventionné.

*Photo: Sipa. Numéro de reportage : AP21836995_000001.



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Marc Nacht est psychanalyste et écrivain

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