Nos confrères d’outre-Manche ont le sang chaud. Ils appliquent la bonne vieille recette des 3 S : une dose de Sexe, de Sport et de Scandale pour doper les ventes de leurs magazines consacrés à l’automobile de collection. En couverture d’un titre de référence, on pouvait récemment voir, telle la playmate du mois de janvier, une jeune sujette anglaise, le regard lubrique, le bras légèrement dénudé, la moue aguicheuse, allongée sur le capot d’une Porsche 911 jaune paille. Avec en gros titre : « Les voitures anciennes préférées des femmes ». Les salauds, ils ont osé ! Le code de déontologie au panier. Une sortie de route inacceptable en ces temps de parité. Le driver ne sera plus jamais un gentleman.
Rassuré, je me suis dit qu’au moins, nous autres, ne tomberions pas si bas. Nous respectons encore nos lectrices donc les conductrices. Le drapeau noir de la grivoiserie ne flotterait pas sur notre rédaction. Et puis, à bien y réfléchir, reprenant peu à peu mes nerfs échauffés par cette créature auburn, j’ai dû admettre que leur enquête avait tout de même un fond de vérité. C’est vrai, mettons de côté tout ce qui nous pousse à acquérir une voiture de collection. La nostalgie de notre jeunesse, l’émotion des lignes, la mélodie de l’échappement libre, le parfum des cuirs patinés, les accélérations soyeuses, etc. Et puis, avouons-le, le regard des autres. Quand je parle des autres, je parle des femmes bien évidemment.
Qui n’a pas cherché, ne serait-ce qu’une fois, de faire le beau au volant de son ancienne ? Vous aussi, vous vous reconnaissez, le printemps venu, vous aimez rouler décapoté, votre paire de Persol collée sur le nez, gonflé de plaisir, les mains baladeuses sur le levier de vitesse, vous vous sentez irrésistible, n’est-ce pas ? Certes, vous n’avez pas l’élégance orientale d’un Omar Sharif, le charisme décontracté d’un Steve McQueen ou le charme latin d’un Marcello Mastroianni. Mais, vous ne laissez pas indifférent. La boulangère, celle qui porte des jupes trop courtes l’hiver et des décolletés trop plongeants l’été, ne vous jette-t-elle pas un de ces regards chargés d’une libido débridée lorsque vous ralentissez devant sa boutique avec votre vieille MG. Il suffirait d’un rien pour que tout bascule. Evidemment, à chaque type de femme correspond une voiture selon l’antienne phallocrate en vigueur dans les années 70. Si votre terrain de chasse se limite au Boulevard Saint-Germain et à la rue des Saints-Pères, je vous déconseille le Citroën Type H façon Louis la Brocante, la Renault Estafette gendarmisée ou la peu académique Fuego, quoique cette dernière puisse émouvoir une ex-giscardienne. Préférez un roadster anglais : Jaguar Type E, Austin-Healey, voire Aston Martin pour les plus nantis d’entre vous. Gare à l’américaine ! Réservez votre Mustang 67 ou votre Corvette Stingray au-delà du périphérique sur des terres moins hostiles à l’étrange ronronnement des huit cylindres.
Les oreilles germanopratines sont sensibles, elles préfèrent la musique de chambre aux cavalcades velues des ZZ Top. Le choix de la bonne voiture répond en fait à une difficile alchimie qui combine l’origine sociale de la personne convoitée, sa localisation géographique et son âge. Par exemple, si vous jetez votre dévolu sur une professeur des écoles en poste à Auch. Choisissez un modèle français, populaire, au charme désuet, pourquoi pas une pimpante Renault 4 CV ou une souriante Dauphine. Pas trop tapageur, juste décalé, de quoi vous faire passer pour un garçon sympathique et original. La voiture de sport bruyante et clinquante vous reléguerait immédiatement dans la catégorie des affreux dragueurs. Jouez-là en finesse ! Regardez cette journaliste parisienne, la trentaine cernée, tout droit exfiltrée des pages « Mode » d’un magazine féminin, sûre d’elle et snobinarde à souhait. Horriblement seule à l’évidence.
Qu’allez-vous choisir ? Une Porsche, trop banale. Une Jaguar, trop vieille France. Une Ferrari, trop friquée. Une Cadillac, trop yéyé. Surprenez là, elle ne rêve que d’une chose : épater ses copines et lancer de nouvelles tendances. Prenez là, à la sortie de son bureau, avec une jolie Renault 5, première génération, estampillée Seventies, toute fraîche, couleur psychédélique vert pomme ou mandarine. Et vous aurez gagné la partie. Afin de peaufiner votre plan de drague, rendez-vous donc au Salon Rétromobile du 3 au 7 février à la Porte de Versailles.
Pour plus d’informations : Salon Rétromobile.
Du mercredi 3 au dimanche 7 février 2016, au Parc des expositions de la Porte de Versailles (Pavillons 1 et 2.2).
Horaires :
Mercredi 3 février 2016 : 10h-22h
Jeudi 4 février 2016 : 10h-19h
Vendredi 5 février 2016 : 10h-22h
Samedi 6 février 2016 : 10h-19h
Dimanche 7 février 2016 : 10h-19h
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