Le Salon Rétromobile dédié à la voiture de collection ouvrira ses portes du 16 au 20 mars au Parc des Expositions de Paris
Dans un monde qui part à vau-l’eau, les raisons d’espérer sont minces. Entre élections en capilotade et conflits armés, le citoyen fait le dos rond. La déprime le guette. Le repli le guide. L’angoisse est son destin. Passera-t-il le printemps 2022 ? Le pessimisme, ce mal français que certains appellent aussi lucidité, et qui gangrène notre espace vital, est inscrit dans nos gênes. Nous avons beau le combattre, il revient toquer, sans cesse, à notre esprit, tel le malin, insidieux et dévorant.
On ne croit plus en rien, ni à la politique, ni au marché libre, encore moins aux frontières intangibles, au contenu de notre assiette ou à notre culture autrefois éclairante. Notre cadre de pensée a du plomb dans l’aile. Nous aurions tant besoin d’un nouvel Appel, d’une voix qui, au-delà des partis et des coteries, nous montrerait enfin le chemin à suivre. L’espoir renaît étonnamment dans un domaine qui fut relégué à son spectre le plus folklorique, un brin méprisé par les élites et les idéologues de papier.
Facel-Vega et château de Versailles
L’automobile de collection sentait le cambouis et le monde d’avant ; pépé bricolant sa Traction dans son garage et les sorties passéistes du dimanche entre copains fleuraient bon la déviance réactionnaire. Cet air de province et de permanence qui a toujours débecté les progressistes lessiveurs de mémoire. Eh bien, les mentalités évoluent lentement mais sûrement vers une reconnaissance de notre patrimoine roulant.
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Nous criions depuis si longtemps dans le désert que Facel-Vega et le château de Versailles, Panhard et la Sainte-Chapelle forment un même combat, la reconnaissance et la préservation de nos joyaux éternels. Plusieurs signes, ces dernières semaines, nous poussent à croire qu’un autre avenir est possible pour les voitures anciennes que celui de la casse. Sauvons-les de la destruction ou pis de l’effacement des mémoires ! Ce crime serait impardonnable. On entrevoit une liberté de circuler, espérons sans contraintes ou complications, et une prise en considération récente des pouvoirs publics.
Dérogation pour les voitures de collection
Ne nous emballons pas, les forces de résistance sont tellement puissantes et considèrent la « bagnole » comme elles la qualifient fort désobligeamment, d’espèce à éradiquer. Nuisible et décadente. Qu’il faut même aller jusqu’à protéger les jeunes générations de cette vision obscène, d’une production automobile jadis variée et esthétiquement désirable. Si nos enfants venaient à apprécier les lignes d’une Citroën DS ou d’une Jaguar Type E, leur vertu en serait pervertie à jamais. Ils seraient perdus pour la planète. Prenons acte du fait que le ministre des Transports ait parlé, avec justesse et une certaine solennité, d’« un patrimoine inestimable, industriel et technique, économique, social, culturel aussi » à protéger. Et que les efforts de la Fédération Française des Véhicules d’Époque (FFVE) semblent porter leurs fruits. « À la demande du Premier ministre, les présidents des agglomérations concernées par la mise en place des ZFE-m ont été invités par un courrier du ministre délégué chargé des Transports auprès du ministre de la Transition écologique, M. Jean-Baptiste Djebbari, à mettre en place une dérogation locale pour les véhicules disposant d’un certificat d’immatriculation de collection » s’est félicité leur président.
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En clair, il devrait être possible de rouler prochainement dans les ZFE (Zones à Faibles Émissions) des grandes métropoles françaises avec un véhicule immatriculé en carte grise collection.
Rétromobile: histoire et émotions
Cette bonne nouvelle s’accompagne d’une autre perspective réjouissante inscrite au calendrier. Rétromobile revient à la Porte de Versailles, du 16 au 20 mars. On n’y croyait presque plus. Entre annulation et report, la pandémie n’aura pas été tendre avec nos anciennes et les organisateurs d’événements. Cette 46ème édition, d’habitude programmée début février, lancera avec un peu de retard la saison des réjouissances mécaniques. A Rétro, il y a tout pour satisfaire votre curiosité, la présence des clubs de marques, des constructeurs, des marchands, des maisons de ventes aux enchères, des centaines de cartons d’archives, des jouets par milliers et même des pièces détachées.
C’est le rendez-vous des collectionneurs qui osent vivre leur passion au grand jour. Il y en aura pour tous les goûts et toutes les bourses. Le musée de la Gendarmerie Nationale exposera plusieurs modèles aux infinies variations de bleu, Renault fêtera les 50 ans de son irrésistible R5, Lamborghini dévoilera une sculpturale Countach LP 500 dessinée par Marcello Gandini, Citroën reviendra sur la lignée prestigieuse des véhicules chers à nos présidents de la République et le Musée des blindés de Saumur débarquera avec ses chars ! Si vous aimez l’Histoire et l’émotion, la culture populaire et la beauté stylistique, ne manquez donc pas Rétromobile !
À vos billets ! https://www.retromobile.fr/visiteurs/Infos-pratiques/Vos-billets-pour-le-salon
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