Les agriculteurs en colère ont été particulièrement vaches avec le président Macron, cette année, lors de l’ouverture du Salon de l’Agriculture. Le RN et Gabriel Attal jouent les voitures-balais…
C’est à chaque fois la même chose. Le même processus se déroule. Entre oubli et regret. Le président oublie qu’il est président puis regrette de l’avoir oublié ! Il a fait inviter les Soulèvements de la Terre au Salon de l’Agriculture puis, face au tollé, se rappelant sa ligne, il affirme mordicus, contre des démentis plausibles, qu’il ne les a jamais sollicités.
Casse-toi, pauvre c.. !
Il y a eu sa venue très mouvementée, voire violente, au Salon de l’agriculture le 24 février. Même si le président a été évidemment protégé des assauts les plus impétueux, on ne peut pas lui dénier un certain courage. Et même le goût des affrontements verbaux les plus rudes, comme s’il voulait s’éprouver, se démontrer et démontrer sa résistance, son talent pour les affrontements musclés et sa passion pour les échanges où soudain il peut se laisser aller.
A relire, Thomas Ménagé: Colère des agriculteurs: la macronie récolte les graines qu’elle a semées
Il oublie alors qu’il est président pour regretter ensuite son oubli et nier avoir proféré ce qu’on a entendu. Comme étonné lui-même par ce qui est sorti de sa spontanéité, de sa liberté.
Parfum élitaire
Ainsi, quand il a affirmé que « les smicards préfèrent se payer des abonnements télé plutôt que de l’alimentation de qualité ». L’Elysée a démenti la teneur de ce verbe présidentiel pourtant attesté par des témoins auditifs. Si j’ai tendance à les croire, c’est que le propos en question, avec sa roideur trop franche, relève d’un registre qu’on connaît bien chez notre président : une sincérité de l’instant jamais délestée d’un zeste de mépris. Ce peuple qu’il aime – je n’en ai jamais douté -, il ne peut s’empêcher, en même temps, au mieux de le moquer, au pire de le laisser de côté. Il a beau faire, quoi qu’il en ait, il aura toujours dans son intelligence (qu’on ne me dise surtout pas qu’elle est médiocre !), sa perception des choses et des êtres, un parfum élitaire. Mais, au fil des années, il a appris : ce que hier il n’aurait pas désavoué, dorénavant il le rétracte.
Il oublie, dans l’effervescence de l’empoignade, qu’il est président puis il se rappelle qu’il l’est et tente de conjurer, par des dénégations peu crédibles, la dégradation de son image présidentielle.
Il y a quelque chose de lancinant dans ce mouvement qui se reproduit sans cesse et qui nous montre un président oscillant entre ce qu’il est vraiment et ce qu’il cherche à masquer. La nature de son être et la dignité de sa fonction s’opposent et je suis persuadé que dans un monde idéal il préférerait sauvegarder la première plutôt que respecter la seconde. Il voudrait oublier et ne pas regretter après.
Lors de sa visite bousculée du 24 février, il a, sur un plan politique, comme il se doit, mis en cause la « bêtise »1 du RN et sa volonté de décroissance.
Le 25, quel contraste ! Jordan Bardella est venu au Salon dans le calme et une tranquillité en disant long sur l’état d’esprit des agriculteurs et de leurs syndicats… Le président est encore à trois ans d’un futur qu’il craint !
- https://www.leparisien.fr/politique/salon-de-lagriculture-macron-tacle-le-projet-de-decroissance-et-de-betise-du-rn-24-02-2024-V35CSGT76FEDNDAFCMECHIQPZU.php ↩︎
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