Je ne marcherai plus dans les plaintes des offensés professionnels qui se sentent humiliés par la vue d’un comédien grimé en noir. Je ne peux pas croire que mes compatriotes noirs soient incapables d’apprécier l’humour, le second degré et l’autodérision.
Plus ils braillent et moins j’y crois. Plus ils nous accusent de leur manquer de respect et plus le mot sonne faux et creux, comme en banlieue ou comme dans un film de mafieux. Au début, comme tout le monde, je suis tombé des nues, mais j’y ai cru. J’ai pensé que puisqu’ils se disaient offensés, c’est qu’il devait y avoir offense. La première fois, ça venait des États-Unis. Dans mon souvenir, un type avait mis un sombrero pour une soirée déguisée sur un campus et avait essuyé les reproches de Mexicains qui se disaient insultés, ou en tout cas de ces universitaires bas de gamme qui impressionnent les ploucs à coups de concepts fumeux, ces imbéciles diplômés qui se gargarisent de leur jargon, ceux qui voient mieux que les autres ce qui se cache derrière les apparences, en l’occurrence du suprématisme blanc derrière des blagues et de l’oppression coloniale derrière la liberté de jouer avec les caricatures ou les clichés. On ne rigole pas avec les identités ! Ah bon ? Même dans le monde libre ? Et depuis
