La Saint Valentin approche, et nous sommes déjà nombreux à nous demander comment ne pas fêter cet événement. Est-il encore possible d’échapper à cette fête commerciale dégradante ?
Je me souviens que, sous Tibère, la passion amoureuse était considérée comme une sale manie de prostituée. D’une manière générale, la réciprocité sentimentale n’avait aucun sens. Elle était punie d’exil, à la différence du viol. Le viol était admis, à condition toutefois que le violeur s’attaque à une personne de statut inférieur. Une femme violée s’apercevant que son violeur n’était autre que son mari se dépêchait de le lui faire savoir : après l’avoir extirpée de l’obscure remise où la femme attendait son sort, le mari vérifiait ses dires à la lumière du jour. Si la chose était avérée, ils se félicitaient de cette coïncidence, et tout rentrait dans l’ordre aussitôt.
Nous avons parcouru un certain chemin depuis que Terence a fait de cette situation violente une comédie légère. Il en irait tout autrement aujourd’hui. Les retrouvailles du violeur et de son épouse ne sauraient constituer, à nos yeux, une fin heureuse. Il reste que Tibère nous apprend quelque chose de nous-mêmes. La réciprocité des sentiments peut toujours nous enchanter – il est certain qu’elle est très agréable – elle n’en est pas moins datée et, dans le fond, tout aussi bizarre.
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