77 morts au moment où j’écris ces lignes, des images saisissantes, un pays en deuil : il est bien naturel que la catastrophe ferroviaire de Saint-Jacques de Compostelle fasse l’ouverture des JT des chaines d’info continue.
Ce qui est moins normal, c’est que ces chaines –et plus particulièrement la plus pushy d’entre elles- se croient obligées de révéler déjà les causes du drame. C’est ainsi que le remplaçant estival qui fait fonction de speakerine sur BFMTV nous annonce doctement que la vitesse du train est très probablement en cause : celui-ci aurait « roulé à 180 km/h sur un tronçon où la vitesse est limitée à 80 km/h. ». Pour les délicats qui voudraient savoir d’où notre lecteur de prompteur tire tant d’assurance quant aux causes exactes du drame, la réponse vient aussitôt : « C’est ce qu’affirment ce matin la plupart des quotidiens espagnols ».
Bigre, en voilà une preuve qui n’appelle pas de contestation. Bien sûr en écoutant attentivement le JT répété en boucle, on entendra bien deux secondes de bémol sur la nécessité « d’attendre les résultats complets de l’enquête ». Mais franchement, on se demande bien pourquoi une telle enquête serait nécessaire, puisque la presse a déjà parlé. Et la presse, elle, ne parle jamais trop vite.
On connaissait déjà ces catastrophes aériennes où, à peine l’avion crashé, les constructeurs d’avions expliquent qu’il ne peut s’agir que d’une erreur humaine, rengaine reprise aussitôt en chœur par les télés, jusqu’à ce qu’on apprenne que ce n’en était pas une. Auquel cas speakers et speakerines des chaines d’info ne manqueront pas de vous expliquer que ce « rebondissement » était « prévisible ». Prévisible, c’est bien le mot…
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