Le Nouveau Front populaire, l’alliance de gauche, remporte les élections législatives. Le Premier ministre Gabriel Attal présente sa démission au président Macron.
Drôle de soirée : le Nouveau Front populaire, avec 182 sièges obtenus hier soir à l’Assemblée nationale, se prenait pour la majorité et réclamait le pouvoir ; le Rassemblement national, avec 143 sièges (54 de plus que dans la précédente mandature), premier parti de France, est le grand perdant. Les Français ont voté. Il y avait des candidats RN dans 500 circonscriptions : ils ne les ont pas choisis. Pour beaucoup de citoyens, Jordan Bardella n’a pas prouvé sa capacité à gouverner. Et, même s’ils sont sans doute moins nombreux que ce qui a été dit, il y a aussi eu ces quelques candidats infréquentables.
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Des conditions problématiques
Mais si cette élection est bien sûr tout à fait régulière, il me semble que les dés étaient un peu pipés.
- Une élection suppose un débat loyal. Le matraquage inouï sur le parti de la haine, nous l’avons bien sûr déjà abondamment commenté. Reste que quand tant de beaux esprits vous disent que le nazisme arrive, vous hésitez dans l’isoloir. Des macronistes ont préféré élire Raphaël Arnault dans le Vaucluse, fiché S, plutôt que la sortante RN.
- Le Front républicain est en réalité la forme politique du « tous contre un », un traitement spécifique réservé à un seul parti. Ces unions et désistements ont pour traduction une distorsion majoritaire. 9,3 millions de voix se sont portées sur le RN et seulement 7.4 pour le NFP. Cela signifie qu’en termes de poids politiques, un électeur de gauche vaut à la louche deux RN. C’est légal mais pas totalement réglo.
Emmanuel Macron a-t-il gagné son pari ?
À court terme et aux prix des contorsions susmentionnées, oui. Le seul objectif du post-9 juin, écarter le RN, a été atteint. Mais rappelons que le rôle de la politique est de pacifier les conflits, que c’est la poursuite de la guerre par d’autres moyens. Or, avec ce retour du cordon sanitaire, une partie des Français est de nouveau exclue de la table commune. Hier, très peu, parmi les forces victorieuses, ont parlé des électeurs RN et de leurs préoccupations. J’ai entendu Fabien Roussel et Edouard Philippe le faire. On ne pourra pas gouverner éternellement en ignorant 10 millions de Français.
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On parle souvent des gagnants et des perdants de la mondialisation pour commenter nos élections nationales. Cette fois-ci, j’observe que c’est la France du statu quo qui a gagné, alors que celle qui voulait renverser la table a perdu. La gauche pour la légitimité morale et les grands sentiments, la macronie pour l’expertise et la compétence (flagrantes !) : c’était l’alliance entre le camp du bien et le cercle de la raison. Tout ce beau monde s’est entendu pour sermonner le plouc étroit qui ne veut pas devenir minoritaire. Lequel a peut-être vu une facette de son avenir Place de la République, hier soir, quand le parti des Indigènes de la République d’Houria Bouteldja a brandi des drapeaux palestiniens et algériens en criant – je vous le donne en mille – « On est chez nous ! » Et pas une voix à gauche pour se scandaliser de ce slogan raciste ?
J’ignore quel lapin gouvernemental sortira de la casquette présidentielle. Mais, on leur souhaite du plaisir… Les J.O. s’annoncent un fiasco commercial. Le prochain gouvernement devra voter un budget d’austérité avec la CGT dans les pattes et des forces de l’ordre épuisées. Alors finalement, Marine Le Pen et Jordan Bardella sont peut-être les grands gagnants de cette drôle d’élection !
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
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