On ne le dira jamais assez : la Russie d’aujourd’hui est, dans les grandes lignes, une démocratie. Démocratie bigrement imparfaite, et assurément moins rodée que par chez nous, mais démocratie tout de même, surtout quand on la compare au tsarisme, au stalinisme, au brejnévisme et même à l’eltsinisme, variante locale de l’éthylisme républicain mâtinée d’autocratisme et de grand banditisme, qui suscitait, en son temps, fort peu de critiques chez nos maîtres à penser hexagonaux.
Preuve insigne que le débat public existe bel et bien là-bas, le Premier ministre a sévèrement enguirlandé les gouverneurs régionaux qui se sont illustrés dans ce qu’on pourrait qualifier de volet immobilier de l’Affaire Depardieu.
Comme le rappelle l’agence officielle Novosti, Gégé, qui s’est fait naturaliser russe en janvier dernier « s’est vu offrir la possibilité de choisir un logement à Saransk, la capitale de la république russe de Mordovie, et est devenu ambassadeur de la région de Mordovie auprès de la FIFA dans le cadre de l’organisation du Mondial 2018». Après quoi, fin février, « Depardieu est devenu citoyen d’honneur de la Tchétchénie et s’est vu offrir un appartement de cinq pièces lors d’une visite dans cette république russe ».
Une générosité que n’apprécie pas outre mesure Dimitri Medvedev, comme il vient de le signifier clairement lors d’une interview donnée à plusieurs médias occidentaux : « Je recommanderais à certains de nos gouverneurs d’offrir des appartements de façon plus prudente (…) car lorsque des personnes pas si pauvres que ça se voient offrir des appartements, cela provoque des tensions au sein de la société. »
Mais attention, s’il y a explication de gravure, elle vaut surtout pour les édiles locaux, et pas pour son néo-concitoyen Gerardov Depardski dont il ne remet absolument pas en cause le choix de devenir russe : « S’il a pris cette décision, c’est qu’il avait ses raisons », a estimé Medvedev, qui apparemment connaît bien la France d’aujourd’hui.
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