Annoncée depuis des lustres, la défaite a cogné. Dur. Très dur. Comme c’était prévisible. À peine assimilée cette rouste stratosphérique, voilà que les journalistes sportifs s’en donnent à cœur joie. Comme c’était attendu. Après Bernard Laporte la semaine dernière, qui hurlait avec les loups, voilà que toute la clique de nos écrivaillons à la petite semaine rejoint la meute. Quel courage ! Quel aplomb ! Et surtout quel souffle !
Dimanche, sur Stade 2, pendant que le grand joueur et l’excellent entraineur Fabien Galthié tentait de remonter les troupes et leur moral, Mathieu Lartot, dont l’obséquiosité sirupeuse d’hier n’a d’égale que l’agressivité surjouée d’aujourd’hui, nous gratifiait d’une analyse sans relief et connue de ceux qui s’intéressent un peu aux mouvements ovalistiques dans le pays. Au feu Philippe Saint-André, la fédération et la ligue ! Du bois pour alimenter le bûcher, il y en a des stères dans le cortex de nos journalistes depuis samedi. Il y a encore quelques semaines, pour inviter notre ex sélectionneur sur les plateaux télés et relayer ses déclarations optimistes – visant à nous faire croire que trois mois de musculation pouvaient aisément palier un siècle de transmission –, il y avait du monde. Mais pour mordre un peu l’invité sans l’insulter, pour être intrigant et novateur dans ses commentaires, pour nous aider à comprendre davantage ce jeu merveilleux, bref, pour faire grandir le public ou le lecteur, plus personne. Les absents ont toujours tort de revenir. Et pourtant. Voilà que déboulent ces grattes papiers, auréolés de leurs importances et ornés de leur seule carte de presse vers des mines déconfites et des cœurs laminés. Pas honteux pour deux sous de garder leur micro alors que cette rouste est aussi la leur (ainsi que la nôtre voir papier précédent), ils allaient de couloirs en couloirs recueillir les pleurs contenus et la honte des seuls acteurs de la soirée : les joueurs et leurs entraineurs. À noter, l’invisibilité criminelle de Laurel Camou et Hardy Blanco, bien plus prompts à récupérer un gros chèque et des places gratuites en tribune qu’à assumer leurs choix iniques depuis des années.
Samedi, Philippe Saint-André, que nous avons ici étrillé à de très nombreuses reprises, a été digne. Et bien seul, pour assumer cette déculottée. Les joueurs ont essayé de faire mieux que des sparring partners et ont saigné sur le terrain. Grâce leur soit rendue pour cela. Il est facile derrière un écran de moquer leurs innombrables insuffisances, mais lorsqu’on a foulé des pelouses pendant quelques années, impossible de ne pas rendre hommage aux guerriers qui ont donné leur vie en pâture à nos regards. Très mauvaise prestation, mais hommes de cœurs. Paix à eux et à leur entraineur que nous n’avons jamais soutenu.
Au final, quatre équipes du Sud dans le dernier carré. Comme c’était prévisible. Et tant pis si la rencontre entre Ecossais et Australiens s’est soldée, au finish, sur une décision parait-il litigieuse. Les Gallois ont fait belle figure, et les Écossais, moribonds il y a deux ans, voient leur chardon reprendre de l’allant. Une équipe requinquée et intelligente, menée par un Néo-Zélandais exceptionnel. Vern Cotter est venu arroser de sa science les pelouses des Highlands après avoir tenté, à grand peine, d’insuffler un peu de courage aux peuples des volcans. Honneurs à ces vaincus, mais seule la victoire compte.
Pour toutes ces raisons, il est impossible de croire que le nouvel entraineur Guy Novès fera bouger les lignes. Le mal en France est trop profond pour être soldé par un Français, tant le cas est quasi-désespéré. Pour ce genre de pathologie chronique, il est nécessaire de faire appel à des professionnels. Pour une opération du cœur, ne recourez pas à un plasticien. Espérons que le contrat de notre cher Toulousain, au palmarès éloquent, comporte une clause de rétractation en cas de candidature supérieure : Woodward, Henry, Deans, de grâce, sauvez-nous !
*Photo : SIPA.AP21809137_000001
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