Les jeunes députés Insoumis ont pris pour modèle François Ruffin pour leurs tenues vestimentaires. Et ce n’est franchement pas la classe.
Deux sont en bras de chemise, comme s’ils allaient faire une partie de pétanque avant de prendre l’apéro. Birkenstock aux pieds, le troisième porte un pantacourt qui est sûrement en lin, et arbore une chemisette dans le style hawaïen et un long collier autour du cou. Il lui manque toutefois la bouée gonflable XXL en forme de licorne, pour avoir la panoplie complète du teuton beauf en vacances dans le Sud-ouest. C’est dans cet accoutrement de joueurs de pétanque ou de plagistes en tongs que trois jeunes députés de la Nupes, Louis Boyard, Damien Maudet et Tematai Le Gayic, ont fait leur entrée sous les dorures du Palais Bourbon…
Ruffin, le modèle. Macron, le suiveur
Le plus connu, c’est l’inénarrable Louis Boyard, qui a déjà beaucoup fait parler de lui. Ce jeune syndicaliste – il a été président de l’Union nationale des lycées – s’est construit l’image du parfait révolté gauchiste ces dernières années et fut érigé en victime innocente des bavures policières, suite à sa blessure au pied par les forces de l’ordre lors du 12ème acte des gilets jaunes. Devenu chroniqueur régulier dans l’émission des Grandes Gueules de RMC ou Touche pas à mon poste avec Cyril Hanouna sur C8, notre rebellocrate a connu son heure de gloire médiatique lorsqu’il s’est vanté d’avoir dealé du shit pour payer ses études – comme si l’université française était aussi onéreuse que l’université américaine !
Damien Maudet est, lui aussi, issu du syndicalisme étudiant, mais il a surtout été l’assistant parlementaire de François Ruffin, le plus iconoclaste des Insoumis qui s’est bien plus souvent illustré par des propos extravagants que par son élégance vestimentaire. On se souvient du jour où il s’était pointé dans l’hémicycle avec un maillot de foot, ce qui lui avait valu une sanction pécuniaire. Son assistant était donc à bonne école pour “casser les codes”. On est insoumis, ou on ne l’est pas !
Quant à Tematai Le Gayic, à seulement 21 ans, il devient le plus jeune député de l’histoire de la Vᵉ République, battant le record détenu par Marion Maréchal, élue en 2012 à 22 ans. Et pour bien montrer à tout le monde qu’il est élu de la Polynésie, il a opté pour une tenue plus tahitienne qu’élyséenne. Quoique… Même au plus haut niveau de l’État, la mode est au bras de chemise : au sommet du G7, Emmanuel Macron a fait tomber la veste et a remonté ses manches pour faire la démonstration de sa détermination à sauver le monde des griffes de l’ours poutinien…
Le RN capitalise sur les gamineries insoumises
Certains commentateurs ont mis en avant la jeunesse de nos députés pour justifier leur manque de tenue. Excuse facile. Surtout que les trois autres benjamins de l’Assemblée, d’à peine de deux ou trois ans leurs ainés, n’ont pas fait les mêmes choix vestimentaires. Que ce soit Pierrick Berteloot (RN), Bryan Masson (RN) ou Charles Rodwell (Ensemble), tous trois étaient en costume et cravatés, ce qui tranchait radicalement avec le style débraillé de leurs opposants politiques.
À croire que pour les élus gauchistes, porter un costume, ce serait trop bourgeois. Pourtant, Jaurès n’était pas en haillons lorsqu’il défendait les ouvriers contre les lois dites scélérates. Passons… Pour Louis Boyard et ses petits copains, le peuple ne semble pas mériter d’être représenté par des députés s’astreignant à une certaine tenue. Le jeune élu Insoumis s’est fendu d’un tweet se félicitant de mettre sa mandature « au service du peuple ». Et il ne manque pas une occasion de rappeler qu’il est fils de cheminot et qu’il a grandi dans le 9-4. Mais nous le disions hier sur Causeur, son premier geste fut loin d’honorer les principes de notre démocratie républicaine. Refuser de serrer la main de Philippe Ballard, député RN, élu de la nation comme lui, revient à offenser tous les électeurs. La condescendance que les Insoumis reprochent, souvent à raison, aux macronistes, ne leur est donc pas étrangère.
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Au lendemain du 2ème tour des législatives, le président du RN, Jordan Bardella, avertissait dans une formule cinglante d’ironie, que ses 89 députés ne transformeraient pas l’Assemblée nationale en « ZAD », sous entendant qu’avec les 150 députés de la Nupes, nous courrions un tel risque. Après les toutes premières séances de la nouvelle législature où on a vu des Insoumis se présenter débraillés pour amuser la galerie, on peut effectivement se demander si on verra demain des élus siéger en sarouel, vêtus d’un t-shirt troué l’été et d’un poncho l’hiver, fumant des joints dans les toilettes de l’hémicycle…
Porter un tailleur élégant ou un costume n’est pourtant pas la manifestation d’un comportement classiste. Faire un petit effort vestimentaire, c’est se hisser au-dessus de ses petits intérêts particuliers pour atteindre la volonté générale. Le sanctuaire républicain où les députés de la nation votent les lois dans l’intérêt général du pays, ce n’est quand même pas un McDo où les consommateurs viennent dégustant leur Big Mac ou leur Mac Deluxe. Alors non, on ne vient pas à l’Assemblée nationale comme on est.