Dans la torpeur de l’été, Matignon a annoncé un nouveau dispositif redistributif et ciblé : le RSA « jeune » ou, pour reprendre la terminologie officielle, la «garantie jeune ».
En clair, 100 000 jeunes « précaires » (entendre par précaire : moins de 25 ans et sans emploi depuis deux ans) recevront l’équivalent d’un RSA, sous réserve de la « signature d’un contrat d’engagements réciproques avec une mission locale et un accompagnement pour s’insérer dans la vie professionnelle ». Défense de rire !
Cette mesure « généreuse » met spectaculairement en lumière virage idéologique à 180 degrés opéré par la gauche modernisée.
À l’origine, le socialisme glorifiait le travail et le travailleur, méprisant les oisifs et les rentiers. Confrontée à son impossibilité d’agir sur le niveau du chômage, la gauche a choisi de l’aménager en fonction de ses intérêts immédiats: puisque toutes les solutions ont échoué, alors finançons l’oisiveté !
Les petits boulots ne sont certes pas une panacée ou un idéal de vie. Mal payés, mal considérés, souvent pénibles, ils trouveront encore moins de candidats. Pourquoi aller se faire suer dans la cambuse du McDo quand le RSA jeune est là ?
Pourtant, depuis des générations, y compris durant les Trente glorieuses, les plus jeunes ont fait leur entrée dans la vie en étant les plus exploités. Oui, pour s’intégrer au monde salarié, il faut apprendre à travailler en équipe, à respecter des horaires, à faire des compromis avec une hiérarchie. Avec en point de mire, pour les plus volontaires ou les plus visionnaires, la perspective de dépasser sa propre condition pour gravir des échelons.
Eh bien non, se schéma sans doute ringard n’intéresse pas le gouvernement. Après tout, un jeune subventionné votera plus correctement qu’un jeune entrepreneur ou un jeune travailleur, ces derniers acceptant moins facilement d’être sans cesse ponctionnés d’impôts toujours plus massifs. De quoi faire monter l’exaspération de ceux qui ont le sentiment de se lever tôt pour financer ceux qui se lèvent tard.
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