Le nouveau Protocole sur l’Irlande du Nord annoncé cette semaine dans la ville royale de Windsor mettra-t-il fin aux tensions qui, depuis 2016, perturbent les relations entre l’UE et le Royaume Uni ? Permettra-t-il aux partis politiques nord-irlandais de sortir de l’impasse qui paralyse leurs institutions gouvernementales ? Nous autorise-t-il à dire que le Brexit est enfin terminé ?
Lundi 27 février, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, ont annoncé avec grande pompe être arrivés, d’un commun accord, à un remaniement du « Protocole sur l’Irlande et l’Irlande du Nord ». Ce résultat intervient après des négociations, parfois houleuses, qui duraient depuis que le Royaume Uni avait quitté l’UE à la fin du mois de janvier 2020. D’ailleurs, le destin de l’Irlande du Nord et de la frontière terrestre entre le nord et le sud posait un problème dès le début des pourparlers sur le Brexit en 2017. Aujourd’hui, quatre questions se posent :
L’UE, quoique toujours soucieuse de préserver l’intégrité du marché unique, semble avoir fait des concessions…
Pourquoi cette nouvelle version du protocole est-elle nécessaire ? Quels en sont les principes ? Comment les deux partis sont-ils enfin arrivés à un nouvel accord ? Et enfin, le nouveau protocole sera-t-il apte à résoudre les différents problèmes provoqués par le Brexit ?
Mon royaume pour un protocole !
Rappelons brièvement les enjeux. Signés en 1998, les fameux Accords du vendredi saint – car il y en a deux : l’un entre la plupart des partis politiques nord-irlandais et l’autre entre le Royaume Uni et la république d’Irlande – ont mis plus ou moins fin à l’ère des troubles en garantissant, entre autres choses, l’invisibilisation relative de la frontière nord/sud. Cette invisibilisation était possible grâce au fait que les deux territoires faisaient partie du marché unique de l’UE et que des contrôles douaniers n’étaient pas nécessaires. Désormais, les deux camps en Irlande du Nord – celui des nationalistes et celui des unionistes – pouvaient garder leurs perceptions opposées des choses. Les nationalistes avaient l’impression de vivre dans une Irlande presque réunifiée, tandis que les unionistes avaient celle de vivre dans un Royaume toujours Uni. Le
