Ils sont 20 000 dans toute la France. Pas besoin de s’appeler David Vincent pour savoir qu’ils existent, à force d’entendre nos médias et nos politiques se repaître des Roms. Manuel Valls vient de déclarer à leur sujet ce que tous les élus locaux savent depuis longtemps mais se résignent à taire : seule une infime minorité des Roms sont intégrables dans la nation française, le reste ayant vocation à repartir en Roumanie ou en Bulgarie, où la situation est d’ailleurs loin d’être idyllique, tant pour les autochtones que pour ce peuple nomade. Il y a quelques années, l’excellent mensuel Le Spectacle du Monde avait consacré un reportage fouillé à la traite des blanches en Bulgarie. Sans tambours ni trompettes, le journaliste disséquait les méandres de cet esclavage moderne, à la faveur duquel de pauvres jouvencelles finissent vendues quelques centaines d’euros dans de véritables marchés aux enchères perdus au fin fond de la campagne magyare. Dans ces trous perdus, la main invisible des réseaux mafieux roms se charge de réconcilier offre et demande en chair fraîche.
Mais ne généralisons pas. S’il y a un problème « rom » en France, cela concerne tout au plus quelques agglomérations. En ce cas, pourquoi le Rom polarise-t-il à ce point le débat public ? Pour permettre à nos élites de dégommer l’Acte unique et Schengen, la libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux dans l’Union européenne ? Pour soulever le problème de la mondialisation et de sa variante mafieuse ? Que nenni, le Rom occupe une fonction politicienne bien plus ingrate. Comme par magie, le Rom, c’est l’épouvantail qui permet à Anne Hidalgo de taper sur l’immigration sans toucher à la diversité, au prétexte que « Paris ne doit pas devenir un camp rom ». Le Rom, c’est ce gribouille offert en pâture au peuple de droite, soulagé de pouvoir assouvir ses pulsions anti-immigrationniste sans encourir de procès en xénophobie. Eh oui, aucune association victimaire ne vit sur la bête du racisme antirom… Le Rom, c’est ce malandrin pellagreux et un peu pouilleux devant lequel on passe l’air indifférent, la conscience tranquille de ne pas lui offrir l’aumône, parce qu’un parcmètre fera bien l’affaire. Pendant ce temps, la gauche de la gauche joue aux oisillons outrés, dans un numéro d’imitation de l’orfraie digne des meilleurs doublages de Patrick Bouchitey.
Bref, si le Rom n’existait pas, il faudrait l’inventer pour réfracter nos petites lâchetés et la grande couardise de nos politiques…
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