La toute nouvelle directrice du magazine Les Inrocks, Pulvar, a consacré cette semaine son premier édito à un sujet on ne peut plus chaud : les démantèlements de camps de Roms, une mesure gouvernementale dont il semblerait qu’elle ne sente pas exagérément solidaire : « Au rythme où la gauche au pouvoir expulse du Rom et démantèle du camp de fortune, jetant à la rue, sans réelle solution alternative, des centaines – et bientôt des milliers – de personnes, la gauche, toute la gauche (la vraie ?) serait vent debout comme une seule femme, non ? »
Histoire d’enfoncer le clou, l’ancienne chroniqueuse de Laurent Ruquier ne se contente pas d’assimiler la politique de Manuel Valls de celle de l’UMP : sans même passer par la case Ayrault, elle en tient l’actuel président pour moralement responsable : « Chasser les Roms, rouvrir les charters : cautère sur jambe de bois. On ne résout pas le problème, on le déplace. On soulage, momentanément, des riverains incommodés par le bidonville poussant sous leurs fenêtres, et après ? » écrit l’éditorialiste, avant de trancher dans le vif : « Cher François, on n’a pas voté pour ça. »
Ce n’est sûrement pas moi qui irai critiquer la nouvelle directrice des Inrocks pour avoir défendu la ligne historique du journal. Tout juste lui reprocherai-je un brin d’imprécision, si peu raccord avec son franc-parler: qui est ce mystérieux « on » qui n’a pas voté pour « ça » ? . Si « on », c’est Audrey, alors, elle aurait du dire « je », même s’il est peu probable qu’un camp rom s’installe un jour sous ses propres fenêtres.
Si ce « on » renvoie au lectorat des Inrocks, voire à toute la mouvance sociétaliste, un « nous » suivi d’un petit indice permettant l’identification des locuteurs, aurait été plus clair – et la mise en garde tout aussi efficace. Hélas, les traditions se perdent et le « D’où tu parles ?» si cher à la deuxième gauche semble avoir été aboli par les contempteurs postmodernes de Madame Dugenou.
Une chose est néanmoins certaine: ce « on » pulvarien ne recouvre ni le peuple dans son ensemble ni l’électorat de François Hollande dans sa majorité : selon un sondage publié mardi, huit Français sur dix approuveraient les démantèlements de campements illégaux de Roms…
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