Les carnets de Roland Jaccard
Un écrivain français qui cite Karl Kraus, en l’occurrence Patrick Corneau, mérite toute notre attention. Ce témoin de l’apocalypse viennoise observait que tôt ou tard « ce qu’on fait à la langue, on le fera à l’homme ». Oui, nous arrivons au stade ultime d’une décadence que personne ne voit parce que tous l’ont acceptée : la démolition des structures de la pensée avec la ruine de la langue. Au point que le français est devenu une langue étrangère aux Français eux-mêmes.
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Un exemple : le sens de la litote. Parlant des Anglais, au lendemain de bombardements allemands sur Londres, Albert Cohen écrit : « On dit seulement avec une charmante affectation que la nuit a été assez bruyante. »
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Le laconisme est également une langue aujourd’hui oubliée. Elle me rappelle ce mot de Brummell qui, face à un splendide paysage constellé de lacs, demande à son serviteur : « Which
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