Accueil Politique «J’aurais préféré que Marion Le Pen soit candidate à la place de Marine!»

«J’aurais préféré que Marion Le Pen soit candidate à la place de Marine!»


«J’aurais préféré que Marion Le Pen soit candidate à la place de Marine!»
Roger Holeindre. Sipa. Numéro de reportage : 00712376_000015.
roger holeindre fn algerie immigration
Roger Holeindre. Sipa. Numéro de reportage : 00712376_000015.

Daoud Boughezala. Tous les attentats islamistes perpétrés en France depuis 2015 ont été le fait d’enfants d’immigrés. A votre avis, ce scénario était-il inéluctable ?

Roger Holeindre. Ce que nous vivons est dû à des décennies d’immigration massive totalement abandonnée à elle-même. Tout a été fait pour que les enfants d’immigrés ne se sentent pas Français ! Quand j’étais député de Seine-Saint-Denis, de 1986 à 1988, je suis monté des dizaines de fois le mercredi à la tribune. Je parlais constamment de l’apprentissage et des mouvements de jeunes tandis que les autres députés criaient : « Holeindre nazi ! Jeunesse à Pétain ! » et me traînaient dans la boue. Je voulais que l’apprentissage commence à 14 ans parce que si on laisse les gamins en échec scolaire mettre le boxon à l’école sans que personne ne s’occupe d’eux, il est trop tard à 16 ou 17 ans pour leur faire mettre les mains dans le cambouis. Il y a encore de bons ouvriers en France capables de former des jeunes. Or, un jeune auquel on montre un moteur de voiture complètement en rade et qui réussit huit jours plus tard à le faire marcher est sauvé pour la vie. La ministre du gouvernement Chirac chargée de l’apprentissage me répondait sans arrêt : « Mon cher ami, vous savez bien que ça n’est pas possible ! » Pourquoi ? Je n’ai jamais eu la réponse.

Mais les enfants des banlieues ne sont pas totalement livrés à eux-mêmes, loin s’en faut. À la fin de votre dernier livre La réconciliation nationale. Lettre ouverte aux Français musulmans (Apopsix, 2017), vous énumérez les plans d’aide successifs aux banlieues depuis vingt-cinq ans et arrivez au total… de cent milliards d’euros !

La banlieue n’a pas été abandonnée sur le plan financier. Mais ce n’est pas avec les « grands frères » qu’on va régler le problème. Ces grands frères n’ont jamais eu aucune formation. Lorsque j’étais député de Sevran, Tremblay et Villepinte, j’ai bien vu comment les choses se passaient sur place. A l’époque, le maire communiste de Sevran m’a à plusieurs reprises envoyé des jeunes qu’il avait sous la main pour me casser la gueule. En cinq minutes, j’arrivais à les convaincre que j’avais raison contre leur laxiste de maire. Mais, depuis quarante ans, tout ce que propose Jean-Marie Le Pen a été assimilé à du nazisme, ce qui explique le marasme dans lequel la France est plongée. Nous défendons pourtant les bases-mêmes d’une nation – frontières, peuple, préférence nationale – que nos opposants critiquaient. Je crois en la France et n’ai rien contre les étrangers qui viennent chez nous, à condition qu’ils n’essaient pas de nous imposer leurs coutumes et ne crachent pas sur la France. Je demande simplement que les frontières soient moins ouvertes, et qu’on accueille les immigrés dont on a besoin, comme le fait le Canada.

En tant que partisan de l’Algérie française, vous vous faites même l’avocat d’une vision assimilationniste de la nation. Quoiqu’hostile à l’immigration de masse, croyez-vous l’islam soluble dans la République ?

Je ne suis pas anti-musulman : en Algérie, j’ai dirigé une troupe scoute et une maison des jeunes. 450 gosses en tout. Lorsque Charlie Hebdo a sorti les caricatures de Mahomet, j’ai même publié un communiqué m’élevant contre ces dessins pour dire que l’islam n’était pas ma religion mais qu’il fallait la respecter. Dans l’armée, l’islam n’était parfois pas sans poser problèmes, par exemple, les sous-officiers algériens musulmans mariés n’amenaient jamais leur épouse aux soirées. Il est sûr et certain que l’islam a été l’obstacle principal au fait que les Algériens deviennent entièrement des français. Mais j’ai tout fait pour qu’ils le deviennent, sans jamais critiquer leur religion, sauf les demandes communautaristes de viandes hallal qui, comme le casher, compliquent la vie sociale en instaurant des espaces séparés dans les cantines et ailleurs.

Sur ce point, votre discours est assez proche des positions de Marine Le Pen, que vous critiquez par ailleurs…

Je suis membre fondateur du Front national que j’ai quitté lors de son élection à la présidence. Marine Le Pen ne croit en rien, sauf en ses chances de devenir présidente de la République. Elle n’a ni les idées politiques de son père ni les miennes. J’aurais préféré que Marion Maréchal-Le Pen soit candidate à la place de sa tante. C’aurait été un joli coup car elle est jeune, belle et présente bien. De surcroît, je ne l’ai jamais entendue dire de bêtises. L’avenir de notre pays dépend de garçons et de filles comme elle qui s’assument comme des gens de droite.

Dans les rangs nationalistes, votre hantise de la guerre civile et votre main tendue aux musulmans Français sont-ils mal accueillis ?

Pas spécialement, car j’explique bien ma position. Je veux avoir le droit de dire qu’untel est un con, quelle que soit sa race ou sa religion. S’il n’est pas Français de cœur, c’est de la faute de certaines personnes qui ont fait en sorte qu’il n’aime pas la France. Certains à gauche n’attendent que la guerre civile. Il suffirait que trois abrutis descendent dans la rue en criant « Vive la France », l’un avec un lance-pierres, l’autre avec une batte de baseball et le troisième avec un pistolet-mitrailleur sans chargeur, pour qu’on arme les banlieues au nom de la défense des « valeurs de la République ». Dans un esprit de réconciliation, à 88 ans, pour que tous les Français patriotes fassent un bout de chemin ensemble, je vais me présenter à la députation dans la onzième circonscription de Seine-Saint-Denis sous l’étiquette comités Jeanne-Parti de la France. C’est un scoop que je vous annonce !

Passons à une cause qui vous tient à cœur : l’Algérie. Résistant à quinze ans dans la France occupée, vous vous êtes ensuite illustré militairement dans le maquis en Algérie, quitte à vous opposer à De Gaulle lorsque celui-ci enclencha le processus qui devait mener à l’indépendance du pays. Mais les Arabes d’Algérie étant traités en sous-citoyens depuis des décennies, pouvait-on décemment leur refuser l’autodétermination ?

On a gagné militairement avec une majorité de soldats musulmans ! L’armée française est la seule armée au monde à avoir à la fois vaincu ses ennemis dans le djebel et à avoir annihilé le terrorisme en ville. Or, il y avait plus de musulmans dans l’armée française que dans les rangs du FLN toutes divisions confondues.La population en avait marre du FLN. Même ceux qui balançaient des grenades, pour la plupart, ne le faisaient que parce que le FLN les y contraignait après avoir enlevé leurs enfants. Lorsque De Gaulle a fait un appel de fonds pour financer un emprunt, beaucoup de musulmans de Tébessa, ma ville, algériens riches, marchands de vaches ou autres, y ont souscrit.Dans mon maquis, j’avais beaucoup de musulmans qui ont d’ailleurs tous voté pour l’Algérie française.

Malgré tout, les départements français d’Algérie hébergeaient une société à deux vitesses, a fortiori depuis la promulgation du décret Crémieux (1871) naturalisant les juifs. La naturalisation avait été également proposée aux musulmans qui l’ont refusé car ils n’entendaient pas abandonner leur droit coutumier…

Les oulémas n’en voulaient pas mais cela aurait pu être rectifié, comme le proposait l’armée française. Les officiers des affaires indigènes qui tenaient le bled au moment du décret Crémieux avaient signalé à leur hiérarchie que le fait de n’accorder la nationalité française qu’aux juifs passait très mal auprès de la population. Ce décret a été rédigé à la va-vite alors que le gouvernement s’était exilé en province, Paris étant encerclée par l’armée prussienne. La France a eu des torts à ce moment-là mais n’a certainement pas eu tous les torts. L’autre jour, Enrico Macias a déclaré qu’en Algérie, les Pieds-noirs et les Arabes ne s’entendaient pas mais que Juifs et Arabes s’entendaient à merveille. Mais à Constantine, tous les quinze ans, les Arabes descendaient sur le quartier juif et tuaient des centaines de gens ! Parce que les juifs prêtaient de l’argent aux paysans arabes sur leurs futures récoltes. Parmi les Pieds-noirs, mon ami Jacques Casanova, dont le père a été découpé en morceaux par le FLN, avait des parents qui s’occupaient de tous les miséreux du coin sans discrimination. Ce ne sont pas des Arabes du coin mais des miliciens FLN venus d’ailleurs qui l’ont assassiné. En général, les musulmans préféraient travailler pour des patrons pieds-noirs qui les traitaient et les payaient bien mieux que leurs coreligionnaires.

La France aurait-elle pu rectifier le tir a posteriori en faisant des Algériens musulmans des citoyens de pleins droits ?

Cela aurait été possible au grand moment de l’Algérie française. « La colonie » était sur le point de devenir des départements français à part entière. Tous les chefs arabes anti-occidentaux qui débarquaient à Alger s’extasiaient devant les villes d’Algérie construites par la France, riches comme aucun pays arabe. En maintenant l’Algérie et le Sahara français, nous aurions préservé la paix dans toute l’Afrique noire. L’immigration ne serait pas partie de l’Algérie vers l’Europe mais de l’Europe vers l’Algérie. Il y avait moyen de bâtir une Afrique française, avec des grands projets. Au lieu de cela, le Sahara est devenu la base terroriste du monde entier.

Votre rêve d’une Algérie restée française relève de la géopolitique-fiction. Comme l’a compris De Gaulle, le sens de l’histoire rendait sans doute la décolonisation inéluctable, malgré la victoire militaire de l’armée française en Algérie…

De Gaulle a peut-être cru pouvoir garder le Sahara algérien entre les mains de la France mais le chancelier Adenauer l’a incité à devenir le patron de la troisième force entre les Etats-Unis et l’URSS. Pour que la France rassemble tous les pays émergents, sur les conseils d’Adenauer, la France devait brader l’Algérie, voire se séparer des Dom-Tom. Si De Gaulle laissait le drapeau français flotter sur la moindre parcelle de territoire habitée par des gens bronzés, il ne pourrait pas diriger le bloc du Tiers-Monde, lui expliquaient en substance Adenauer et bien d’autres. De Gaulle y a cru. À sa décharge, c’était peut-être un argument recevable. Il faut néanmoins savoir que le Sahara n’a jamais été algérien. Le gaz et le pétrole, c’est l’explorateur Conrad Killian qui les a découverts et y a planté le drapeau de la France. Le Sahara était donc français en vertu d’une règle internationalement reconnue.

En fin de compte, l’Algérie a été conquise en 1830 mais le traumatisme colonial demeure.

Quand Emmanuel Macron fustige  à Alger « la terreur » de la colonisation, il faut lui rappeler que tout cela s’est fait il y a deux cents ans ! Et la France est intervenue en Algérie parce que l’Europe entière – et même l’Amérique – le lui demandaient pour mettre fin aux attaques des barbaresques, qui assaillaient non seulement les navires dans toute la Méditerranée, razziant hommes, femmes et enfants, mais aussi sur les côtes de tous les pays riverains. Qui se souvient encore de la guerre entre les Etats-Unis d’Amérique et le Bey d’Alger ? A quatre reprises, la marine américaine a bombardé Alger alors que les Etats-Unis venaient de naître. De nos jours, si la guerre mémorielle continue, c’est uniquement dû au président Bouteflika qui attise les flammes pour de basses raisons de politique intérieure !

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est journaliste.

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