Notre école est en phase avancée de déliquescence. Pourtant, à écouter de nombreux fonctionnaires ou responsables syndicaux qui sortent de leur rôle, la menace viendrait du Rassemblement national, lequel n’a jamais été aux responsabilités, déplore cette tribune.
« Nous n’obéirons pas » : comme cette pétition, signée par des cadres de l’Éducation nationale en fonction, on voit circuler sur les réseaux sociaux des tribunes et communiqués appelant à la désobéissance civile au cas de victoire du Rassemblement national aux élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024.
De tels appels à la désobéissance, de la part de fonctionnaires de l’État en exercice, sont un grave et scandaleux manquement à leurs obligations statutaires de se conformer à un strict devoir de neutralité dans l’exercice de leurs fonctions. Qu’attend Mme Nicole Belloubet pour rappeler publiquement ces agents à leurs obligations et faire appliquer l’obligation de réserve des fonctionnaires pendant la période électorale ?
Au nom de quoi une poignée de militants syndicaux s’arrogeraient-ils un monopole moral pour décider de la légitimité de tel ou tel gouvernement ? La seule règle qui vaille en démocratie est le respect du suffrage universel. Comme toujours, ceux-là mêmes qui donnent des leçons de démocratie sont les premiers à refuser et mépriser les résultats des élections lorsqu’ils ne vont pas dans leur sens.
Ce qui aujourd’hui représente un danger pour la démocratie, ce n’est pas le Rassemblement national. Ce sont les minorités de militants politiques qui appellent à la désobéissance ou à l’insurrection, avant même que les Français ne se soient exprimés. Les syndicats enseignants ont toute légitimité pour représenter les intérêts professionnels des personnels de l’Éducation nationale. En revanche, rien ne justifie qu’ils instrumentalisent leur fonction pour faire de la politique. Depuis des décennies, les syndicats d’extrême gauche se sont arrogés une espèce de monopole moral sur le monde éducatif au point d’exercer sur les personnels une pression idéologique quand ce n’est pas une sorte de terrorisme intellectuel visant les opinions dissidentes. Aujourd’hui, ce monopole idéologique touche à sa fin.
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Comme tous les Français, les enseignants ne se sentent plus en sécurité dans leur pays et aspirent à retrouver l’ordre dans leurs classes mais aussi dans les rues. À ce titre, ils sont de plus en plus nombreux à faire confiance au RN et à adhérer à son programme. Contrairement aux caricatures et aux mensonges répandus par les centrales syndicales, ce programme n’est nullement une menace pour l’école publique.
Ce qui menace dangereusement l’école de la République et ses principes, ce qui provoque les violences, les agressions voire les attentats terroristes, c’est l’islamisme radical. 80 % des enseignants déclarent avoir appréhendé au moins une situation conflictuelle avec leurs élèves, et plus de la moitié des enseignants reconnaissent pratiquer l’autocensure en 2022. Face au danger islamiste, la gauche syndicale pratique le déni voire la soumission. Seul le RN a la volonté politique ferme et intransigeante de mettre fin au « pas de vague » et d’assurer un retour à la sérénité dans les établissements scolaires.
On ne peut pas accuser le Rassemblement national qui n’a jamais gouverné le pays d’être responsable du déclin de l’école de la République. Ceux qui annoncent aujourd’hui un effondrement annoncé de l’école en cas de victoire du RN, sont les mêmes qui ont exercé, avec les gouvernements successifs, une sorte de gouvernance partagée sur l’institution scolaire durant des décennies. Au lieu de s’attaquer au RN, ils feraient mieux de dénoncer la responsabilité des gouvernements successifs, de droite et de gauche, ainsi que les sept ans de pouvoir d’Emmanuel Macron, qui ont accéléré le déclassement de notre école.
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Notre école est en phase avancée de déliquescence. Après des décennies de réformes intempestives et inefficaces, le niveau de nos élèves n’a pas cessé de s’effondrer : les résultats aux tests internationaux et nationaux (PISA, TIMSS, PIRLS, CEDRE) nous rappellent chaque année le déclin du système éducatif français. 50% des élèves entrants en sixième ne maîtrisent pas la lecture fluide. 11% des jeunes Français qui passent les tests des Journées de défense et de citoyenneté sont en situation d’illettrisme. Un quart d’entre eux connaît des « difficultés de lecture ». Les conditions de travail des enseignants se sont profondément dégradées sur le plan matériel, financier et symbolique.
Non seulement notre diagnostic fait consensus, mais les mesures de notre programme suscitent une forte adhésion chez une partie grandissante du corps enseignant. Ce programme s’articule autour de quelques principes simples : recentrer l’école sur la transmission des savoirs, réaffirmer la double mission de l’école d’ascension sociale et d’assimilation culturelle à la société française, sanctuariser l’institution scolaire en garantissant l’ordre et la sécurité des personnels face aux tensions et violences de la société, revaloriser la condition enseignante pour faire face aux nouveaux enjeux du siècle. Notre école est dans un état d’urgence. L’avenir de notre pays et de nos enfants dépendra de notre capacité à enrayer la déconstruction de notre système scolaire. Si nous n’y mettons pas à un coup d’arrêt, la puissance et la souveraineté de la France en seraient affectées à long terme. Malgré les fractures de la société, l’unité et la cohésion du pays reposent encore largement sur l’institution scolaire, dernière à rassembler tous les enfants de France. L’enjeu est immense, nous y sommes prêts.
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