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Avoir raison avec Ménard

La gauche se trompe d'ennemi


Avoir raison avec Ménard
Emmanuelle et Robert Ménard, respectivement députée de l'Hérault (6e circonscription) et maire de Béziers. © Hannah Assouline

Quand le maire de Béziers placarde une caricature de Charlie sur les murs de sa ville, la rédaction du journal se bouche le nez – on ne veut pas du soutien de l’«extrême droite». On peut toujours compter sur la gauche pour se tromper d’ennemi. 


Il y a deux sortes de combattants résolus à défendre la liberté d’expression, à lutter avec acharnement contre l’islamisme et son intolérance, à ne rien céder de notre droit si français au blasphème : ceux qui prononcent des discours, participent à des débats, écrivent des éditos, publient des articles, éditent des essais et ceux qui n’oublient pas que la liberté de blasphémer ne s’use que si l’on ne s’en sert pas, qui brûlent un coran ou dessinent la figure du prophète, ou encore son cul, bref, qui blasphèment.

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Nos élus se divisent aussi en deux catégories : les notables planqués qui ne veulent pas froisser l’électorat musulman, qu’ils supposent en majorité susceptibles, comme certaines enquêtes d’opinions pourraient le laisser penser, et ceux qui s’engagent, qui s’exposent, qui s’affichent. Robert Ménard, maire de Béziers qui appartient décidément à la deuxième catégorie, a décidé de couvrir sa ville de cette « une » de Charlie dangereuse : « C’est dur d’être aimé par des cons ».

Je t’aime encore petite conne

Dans un communiqué, la rédaction de Charlie nous informe qu’elle aussi est consternée d’être « aimée par des cons », c’est-à-dire d’être soutenue par Robert Ménard, et à travers lui l’« extrême droite », en rappelant qu’en 1995, l’hebdo lançait une pétition pour la dissolution du Front national. François Cavanna, le fils d’immigré italien aux allures gauloises fondateur de Charlie Hebdo raconte dans Les Ritals ce souvenir d’enfance : à l’école, au moment où les enfants se mettent en rang par deux et doivent se donner la main, le petit François se retrouve à côté d’une petite blonde dont il était amoureux, celle-ci refuse de prendre sa main, et confie à la maîtresse en pleurant qu’elle n’aime pas les « Macaronis ». Quand devenu adulte, l’écrivain se souvient, il a pardonné, il lui répond : « Je t’aime quand même, je t’aime encore petite conne. »

Des journalistes qu’aucune réalité ne semble pouvoir déniaiser

À ces journalistes pavloviens que l’« extrême droite » fait grogner, à ces gauchistes devenus bêtes et méchants pour de bon et sans rire, à ces longs à la détente qu’aucune réalité ne semble pouvoir déniaiser, qui ont malgré les épreuves toujours autant de jugeote qu’un couillon d’étudiant antifa de Sciences-Po, qui semblent faire bien peu de différence entre leurs adversaires sur le champ de bataille démocratique et leurs ennemis au-delà, qui faisaient la fine bouche avec Soumission de Houellebecq, ce « réac », en 2015, le jour même des assassinats, et qui sont restés les mêmes quand les journalistes de Valeurs actuelles, ce « torchon raciste », ont été menacés pour un dessin par les petits SA racistes et antisémites décomplexés des brigades de lutte contre la négrophobie, qui se trompent encore d’époque en moquant inlassablement les patrons, les flics, le pape, Marine Le Pen, les anciens combattants et tous ceux qui, quand ils sont offensés, envoient des avocats plutôt que des assassins, à ceux donc qui font durer un journal sans surprise, un journal qu’on n’achète plus que pour faire front et pour la cause, et dont la lecture nous tire plus de soupirs que de sourires, on a envie de répondre en souvenir des temps malins et drôles, et pour la peine, comme Cavanna à la blonde bourrée de préjugés : on vous aime encore bande de cons, même si c’est dur.

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Novembre 2020 – Causeur #84

Article extrait du Magazine Causeur




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Cyril Bennasar, anarcho-réactionnaire, est menuisier. Il est également écrivain. Son dernier livre est sorti en février 2021 : "L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur, réponse à Rokhaya Diallo" aux Éditions Mordicus.

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