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Robert Ménard contre la République des braillards

Les fascistes qui agressaient un "fasciste"


Robert Ménard contre la République des braillards
Robert Ménard agressé en Gironde, 5 mai 2018. SIPA. 00857650_000011

Robert Ménard a été physiquement agressé, le 5 mai, par des militants d’extrême gauche, alors qu’il se rendait à une conférence, organisée en Gironde, sur le rapprochement de la droite et de l’extrême droite. Le maire de Béziers a accusé les « locaux » du Parti socialiste, du Modem et de La République en marche d’avoir « encouragé » ses agresseurs.


Ils étaient venus, ils étaient tous là, en bande de convergents en lutte, tous ensem-bleu-ouais dans le rejet de l’autre, coagulés sous les banderoles de l’intolérance à la diversité des idées, rassemblés dans un assourdissant chant des partisans de la vingt-cinquième heure, telle une armée des ombres de feu leurs aïeux résistants, aux sons pénibles des casseroles, rameutés malgré leur dissonance par leurs partis, insoumis ou de gouvernement, avec un seul mot d’ordre, celui que des républicains autoproclamés persistent à brailler longtemps après la mort du franquisme et de Franco : il ne passera pas.

Du mou, du mou rien que du mou

Aux premières loges pour qu’aucune baffe ne se perde, il y avait ce qui restait de la gauche plurielle, Europe écologie les verts de rage, ces écolos qui avaient tout perdu, ramenés à l’état groupusculaire de leurs origines pour avoir laissé tomber les petits oiseaux et régularisé les sans papiers, suivis de près par les socialistes, ramenés en queue de peloton pour avoir abandonnés les travailleurs et dragué la diversité, et tous ne supportaient pas qu’il reste populaire et plébiscité, cet élu haut la main, qui ne perdait ni la confiance ni l’estime de ses concitoyens, ce populiste modeste qui s’était fait élire et se ferait probablement réélire en pratiquant cet électoralisme qui leur faisait horreur et qui consistait à écouter les gens, à répondre à leurs demandes, aux attentes désespérées de ces votants ingrats qui étaient la cause de leurs défaites, de leurs dégringolades, de leurs déconfitures, à eux, les incompris de l’avant-garde en voie de disparition, qui avaient tant fait et défait pour éduquer les masses, et pour leur apprendre à vivrensemble l’impossible, même si elles ne l’avaient pas demandé.

Un peu plus loin mais pas trop pour distribuer des coups bas, il y avait les modérés du Modem, ceux que les extrêmes et les aventurismes effrayent, pondérés par principe, tièdes par constitution, timorés du juste milieu, ces humanistes couilles molles et mous du genou, un peu perdus sans leur gourou, longtemps pressenti père de la nation mais resté maire de Lourdes, sorti des radars et bientôt effacé des mémoires, dégagé par un autre ni droite ni gauche, un autre au-dessus des partis, un président un peu différent et en même temps un peu pareil puisque tous deux étaient unis dans le combat audacieux qu’ils menaient pour sauver la France des dangers qui la menacent, c’est-à-dire à les entendre, le statut des fonctionnaires et l’épaisseur du code du travail, et dans une farouche détermination à appliquer les directives européennes. Ils étaient là les centristes, qu’on ne distinguait pas des autres lâches, décidés à montrer qu’ils en avaient, résolus à combattre le « fasciste », à cent contre un.

Insoumis au courage

Comme des clones en plus jeunes, comme remplaçants des centristes ringardisés, il y avait les macronnards, les républicains en marche au pas cadencé, en rangs serrés contre une France qui devait disparaitre, et contre celui qui en était l’emblème, celui qui projetait de la sauver d’une dérèglementation en marche vers la concurrence sans frontières, cette guerre des travailleurs entre eux aux profits et aux bénéfices des petits malins de la mondialisation, contre celui qui voulait la préserver d’un progrès en marche vers un mariage sans parité et une famille homoparentale recomposée dans l’éprouvette, contre celui qui cherchait à la protéger d’un tiers monde en marche vers la disparition de sa civilisation, la civilisation française, et de ce remplacement de la culture française par le couronnement des cultures en France, en lui épargnant ce suicide français pour lequel les marcheuses et les marcheurs avaient convaincu les Français de voter. Ils et elles braillaient aussi, celles et ceux que la section locale de leur parti de gouvernement avait mobilisés, contre une certaine idée de la France défendue par ce Français à abattre, et pour une certaine idée du tribunal populaire et de la justice dans la rue alors que malgré les menaces de troubles à l’ordre public et de risques pour la sécurité d’un élu du peuple silencieux, discret, effacé et in-nocent, l’Etat et la police n’étaient nulle part.

Attirés par l’odeur du sang en perspective, il y avait aussi les insoumis, venus en nombre pour une lapidation participative et citoyenne, avec leurs belles têtes de vainqueurs, leurs mines fanées d’universitaires ratés, leurs dégaines avachies d’intermittents aigris. Parmi les plus jeunes, certains et certaines étaient tatoués et piercés, comme le veut la coutume dans les tribus adeptes de la contre-culture de la laideur indélébile. Ces révolutionnaires de 93 qui n’avaient plus de bastilles à prendre avaient des envies pressantes d’échafaud. Ils formaient le gros du troupeau des hyènes, qui attaquent en meute et en traitres, qui frappent par derrière une proie facile, isolée, affaiblie. Ils étaient la majorité bruyante de ce qu’on appelle encore la gauche. Bourrés de contradictions et d’approximations mais jamais retenus par le doute, ils avaient préféré monter sur les grands chevaux de la lutte contre le racisme et l’homophobie et mener la charge contre un homme seul plutôt qu’être dérangés par les pertinences du marxisme et de ses armées de réserve du capitalisme ou par le patriotisme de Jaurès et de sa nation, seul patrimoine de ceux qui n’en ont pas. Pour ces internationalistes béats, benêts et butés, l’Etat n’était pas protecteur mais policier, les frontières n’étaient pas remparts mais empêcheuses de se donner la main pour tous les gars du monde. Insoumis à tout apprentissage du courage, de la droiture et de l’honneur, ils consacrèrent une nouvelle fois dans la violence et l’allégresse, le naufrage de la gauche dans les eaux agitées et boueuses du gauchisme.

Le retour des heures sombres

En ce jour du 5 mai, à Saint-André-de-Cubzac en Gironde, des jacobins socialistes et des fédéralistes libéraux, des démocrates proclamés et des sympathisants totalitaires avaient formé une conjuration des immigrationistes et rassemblé dans le camp du Bien, où la fin justifie les moyens, un petit monde pas très glorieux dans la liesse de la bastonnade. Ces camarades de lynchage avaient su dépasser leurs différences pour faire taire un homme dangereux, venu sans son écharpe tricolore mais décidé à couper aux ciseaux le cordon sanitaire patiemment tressé à coups d’intimidations et de chantages au racisme pour inaugurer un rapprochement des droites, en disant à ses amis politiques : « Moins de partis, plus d’union », et pour réconcilier une droite des notables qui ne cessait de faire la fine bouche et une droite populiste qui n’arrêtait plus de faire bande à part. Robert Ménard n’attendait sans doute pas, livré à l’hystérie anti « fasciste », que s’impose de façon aussi frappante l’urgence de ne pas laisser le pays entre les mains de ce ramassis braillard et menaçant.

La photo de la scène est difficile à regarder. Elle nous rappelle immanquablement ces images d’archives prises aux heures les plus sombres de notre histoire mais elle porte deux nouvelles, une bonne et une mauvaise. La bonne, c’est la conclusion à laquelle nous amène le spectacle de cette violence : si ces Français sans peur et sans reproches traitent Robert Ménard en ennemi, c’est sans doute parce qu’ils sentent qu’ils perdent dans l’opinion la bataille des idées, qu’ils perdent le peuple et qu’ils perdent pied. La mauvaise, c’est que les journalistes de service public comme les humoristes de résistance n’ont peut être pas entièrement tort quand ils nous annoncent que les années trente sont de retour, même si elles ne reviennent pas par qui ils croient les voir revenir.



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Cyril Bennasar, anarcho-réactionnaire, est menuisier. Il est également écrivain. Son dernier livre est sorti en février 2021 : "L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur, réponse à Rokhaya Diallo" aux Éditions Mordicus.

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