Rob Doyle, 38 ans, né à Dublin et chroniqueur pour The Irish Times, vit à Berlin. Il vient de publier N’importe où sauf ici, livre imparfait mais plein de vie, de lectures, d’indécisions, de provocation, de substances plus ou moins licites, d’humour. De considérations sur son temps, aussi, qui ne le comble qu’en partie.
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C’est un road book qui part de Zagreb et Bangkok pour finir à Berlin, en passant par Paris en 2015 (il y habite quelques années) sur les traces de Cioran et de Breton, puis à Vézelay, sur celles de Bataille – dont il s’éloigne : « Bataille ne pouvait plus être pour moi une nourriture, uniquement une maladie. Son désir de mort m’ennuyait à mourir. » Ou en Espagne, pour pister le cultissime Bolaño qui y vécut longtemps (jusqu’à y mourir à 50 ans). L’art contemporain l’accable et, entre deux citations de Baudrillard, il en parle très bien : « festival de piété et de déploration politique tristement premier degré », « la foire aux bons sentiments woke et anodins (de la documenta de Cassel) créait en moi l’envie brûlante d’un art dont les intentions seraient purement corrosives, un art qui irait contre la démocratie et la vertu, qui glorifierait le mal, se vautrerait dans la destruction et le chaos, un art dont la seule ligne directrice serait l’hostilité à l’idée que l’art est fait pour améliorer, édifier ou éduquer les citoyens ». Si nous mentionnons ce livre, c’est aussi parce que nous l’avons ouvert pensant le feuilleter, et que nous l’avons lu, crayon à la main – surpris par sa vivacité, son indépendance d’esprit, son goût vital de littérature.
Rob Doyle, N’importe où sauf ici (trad. Alice Zeniter), Au Diable Vauvert, 2022.
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