Jamais le RN de Marine Le Pen n’avait été si populaire. Dans une étude sur la « droitisation » de la société française que vient de publier la Fondapol, avec Opinionway, il apparaît que la candidate malheureuse à la présidentielle est parvenue à renforcer sa bonne réputation auprès de l’ensemble de l’électorat, tout en agrégeant autour d’elle une majorité du vote contestataire.
« Renaissance » et La France Insoumise ont du souci à se faire ! Un récent sondage de la Fondapol, publié le 29 août dans Le Figaro, révèle la popularité grandissante de Marine Le Pen et de ses idées, et confirme la place du RN comme premier parti protestataire en France. Seule l’alliance des partis de gauche au sein de la Nupes permet de faire illusion, et de contester ce rôle de premier opposant.
En vingt ans, le total des suffrages exprimés en faveur des candidats protestataires à l’élection présidentielle est passé de 29,6% le 21 avril 2002 à 55,6% le 10 avril 2022. Entre les législatives de 2017 et celles de 2022, la protestation a augmenté de dix points, preuve s’il en fallait de la poursuite de cette terrible descente aux enfers des deux grands partis traditionnels, PS et LR. Et si la contestation grimpe, c’est donc surtout au profit du RN, dont la stratégie de « normalisation » paie.
En termes d’image, le RN est désormais le deuxième parti. 25% des Français interrogés indiquent ainsi avoir une image « plutôt positive » de ce parti, le RN étant devancé seulement par EELV et loin devant Les Républicains. Le RN conserve cependant une image beaucoup plus clivante que les autres partis : 49% des Français en ont une mauvaise opinion.
Marine Le Pen: une candidate comme les autres ?
On le sait, l’étiquette « extrême-droite » qu’on colle sur Marine Le Pen, et qu’elle a hérité de son père Jean-Marie, a longtemps nui à la popularité de la candidate du Rassemblement national. Pourtant, aujourd’hui, de moins en moins de Français la considèrent effectivement comme d’extrême droite. Les deux tiers des électeurs de « Reconquête », le parti d’Éric Zemmour, la voient comme une personne « de droite », 30% de l’extrême-gauche trotskyste la voient comme « de gauche » ou « d’extrême-gauche », et à peine plus de la moitié des électeurs LFI pensent qu’elle est en effet d’extrême-droite, ceci malgré l’intense propagande des équipes de Mélenchon visant à la rediaboliser. Au sein de l’électorat RN, ils ne sont que 29% à le penser, contre 46% qui voient en elle une femme « de droite ».
Étonnamment, l’électorat qui reste le plus opposé au RN n’est donc pas à chercher du côté de la LFI, mais bien de « Renaissance ». 81% des électeurs du parti présidentiel estiment que Marine Le Pen est d’extrême-droite, et ils pensent pour 58% d’entre eux que l’arrivée de 89 députés de son parti au Palais Bourbon est une mauvaise chose. De quoi mettre du plomb dans l’aile de la gauche française, qui tente depuis trois mois de faire croire à une connivence entre la majorité et le parti à la flamme… Une fois l’étude de la Fondapol refermée, une question demeure cependant en suspens : est-ce que le terme « extrême-droite » est aussi négativement connoté qu’auparavant dans l’opinion ?
Preuve ultime de la dédiabolisation de Marine Le Pen, sur l’ensemble de l’échantillon de l’étude de la Fondapol, la députée de la 11e circonscription du Pas-de-Calais recueille 36% d’opinions favorables, alors que Jean-Luc Mélenchon est à 28% d’opinions favorables, et Emmanuel Macron 31% d’opinions favorables. Oui : des trois principales personnalités de notre vie politique, c’est donc désormais Marine Le Pen qui est la plus appréciée et la moins rejetée !
La France majoritairement à droite?
La conclusion majeure du travail de la Fondapol telle qu’elle a été reprise dans les médias mainstream est donc la suivante : de plus en plus de Français seraient de droite.
Problème : certaines questions posées sont un peu biaisées. Le think tank de Dominique Reynié a en effet considéré d’entrée de jeu que les idées libérales, portées aujourd’hui par le centre et la droite LR sont la droite. Il ne s’agit pas ici pour nous de résoudre la pluriséculaire question de ce que sont la droite et la gauche, mais tout de même de rappeler que les valeurs de la droite ne sont pas forcément celles défendues dans l’étude. « Plus de libertés pour les entreprises », « réduire les dépenses publiques », « les chômeurs pourraient trouver du travail s’ils le voulaient vraiment » : ces propositions sont évidemment plus la caractéristique du libéralisme que d’une droite conservatrice ou réactionnaire ! L’affirmation « la plupart des immigrés ne partagent pas les valeurs de notre pays », incontestablement de droite, elle, est sans surprise celle qui affiche le plus grand écart entre les centristes ayant voté Macron et les électeurs de droite (50% de oui pour les premiers contre 79% pour les seconds).
Une France de plus en plus à droite ? Pour en être absolument certain, il faudrait peut-être aussi interroger les Français sur les questions de bioéthique, sur l’importance accordée à l’identité française ou à l’héritage… Seule certitude, si les Français penchent de plus en plus à droite, ils considèrent surtout de plus en plus Marine Le Pen comme une option envisageable.