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Riton Liebman: vedette, toujours

Riton Liebman, qui a tourné avec Bertrand Blier, Yves Boisset, Cédric Klapisch, Patrice Leconte ou Xavier Beauvois, publie un livre drôle et émouvant


Riton Liebman: vedette, toujours
L'acteur Riton Liebman. DR.

Devant nos deux expressos, le comédien belge, écrivain depuis peu, m’a parlé de Bertrand Blier, de Depardieu, de ses spectacles, de sa judéité et de son oncle Henri jamais revenu d’Auschwitz.


Riton Liebman est toujours une vedette. Nous avons trouvé refuge dans une brasserie du XXe arrondissement et, très vite, un homme l’a interpellé : « Mais je vous connais, vous ; je vous connais ! ». Riton lui serre la main ; il lui demande où ils se sont rencontrés. « J’ai travaillé sur un film dans lequel vous avez joué », déclare l’homme. Il s’agit d’un technicien du cinéma.

« Bite, cul, poils, trou ! » 

Je profite de ce sympathique moment pour brandir le livre de Riton, Riton Liebman, la vedette du quartier (Séguier, coll. L’IndéFINIE ; 2024) : « Ce bouquin est formidable ! Achetez-le ! » dis-je à l’endroit du technicien. Formidable ? C’est un euphémisme…

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Nous rions beaucoup à la lecture de cet opus extrêmement foisonnant où quelquefois passent des ombres. De plus, n’oublions pas que Riton a tourné Préparez vos mouchoirs, de Bertrand Blier, avec Depardieu qui, dans ce film, ne faillit pas à sa réputation. Riton en témoigne : « Tout à coup, il y a une voix qui résonne dans le couloir, une voix qui hurle, qui chante, qui se marre : ‘’Bite, cul, poils, trou !’’ Avec la voix arrivent un blouson, une casquette et des cheveux longs. ‘’ Salut mon vieux ! Moi, c’est Gérard ; Fais voir le texte… Ah ! Ah ! Sacré Bertrand ! Alors petit, tu as bien baisé aujourd’hui ? Faut baiser ! Faut baiser ! Si tu n’as pas bien baisé, tu ne peux pas profiter… ‘’. »

– Depardieu vous a donc tout de suite parlé de cul ?, fis-je à Riton.

– Oui, et alors ? Moi aussi, je parle de cul. Pas vous ?

J’acquiesce en rigolant. Le ton est donné.

– Vous n’avez pas eu beaucoup d’articles dans la presse de gauche…

La veille, il a été interviewé dans le cadre de l’émission Les Grosses Têtes, sur RTL.

– C’est vrai, et vous savez pourquoi ? Parce que je ne ferme pas ma gueule.

Homme de gauche, il ne pratique pas pour autant le néo-féminisme ambiant et béat. Et nous voilà partis… On parle de mains aux fesses et autres tripotages. Effectivement, Riton n’est pas néo-féministe. « Je ne veux pas que tu tournes avec Bertrand Blier, ce sale phallocrate », hurlait sa mère quand, à l’âge de 13 ans, il avait répondu à une annonce pour jouer le rôle du petit garçon dans Préparez vos mouchoirs.

Il n’écouta point Maman, psychothérapeute belge soixante-huitarde. Il joua dans le film, apprécia l’expérience et se découvrit une vocation de comédien : « Je ne voulais plus du tout aller au lycée », lance-t-il. « Et je me suis dit que faire l’acteur serait une excellente alternative ; je voulais vivre la nuit, dormir le jour. » Finalement, ses jours devinrent blancs comme la poudre et ses nuits noires comme l’addiction de laquelle il finit par sortir…

Un prénom difficile à porter

Devant nos cafés, Riton saute du coq à l’âne. Et moi, j’essaie de raccrocher les wagons. Je comprends qu’avant d’écrire son récit, il a créé et interprété plusieurs spectacles, des stand-ups, dont Liebmann, renégat, dans lequel il raconte son père, professeur d’université connu, notamment pour ses positions propalestiniennes. Pour un Juif, ça la fout mal ! D’ailleurs, je finis par demander à Riton s’il se sent juif.

– Oui !, répond-il comme un cri du cœur. En revanche, Israël ne signifie rien pour moi.

Parlons-en de la judéité de Riton Liebman : ses parents l’ont prénommé Henri en hommage à son oncle qui ne revint jamais d’Auschwitz. Difficile à porter, très difficile et nous comprenons mieux certaines choses.

Après une heure d’entretien, je quitte Riton que je ne peux m’empêcher d’appeler par son prénom :

– Allez, au revoir Henri ; à bientôt ! 

Émue, je n’ai pourtant pas sorti mon mouchoir.

288 pages.

La Vedette du quartier

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est enseignante.

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