Pour un coup de pub, c’est un coup de maître : pendant 48 heures, jusqu’au 11 juillet, date où l’album sera dans les bacs, on pourra écouter gratuitement sur carlabruni.com Comme si de rien n’était, le nouveau CD de qui vous savez. Une façon plutôt intelligente de dire que ce qui compte dans cet opus, c’est la musique, que c’est elle qui va conquérir le public, et rien d’autre, if you see what I mean.
Désireux d’en savoir plus sur le pourquoi du comment de cette démarche, je suis allé faire un tour sur le site de Naïve, la maison de disques de Carla. Et là surprise, rien. Rien sur la page d’accueil, où l’on parle surtout de la nouvelle compil de Béatrice Ardisson, rien non plus sur la page à paraître qui manifestement n’a pas été remise à jour depuis quelques temps puisque « la nouveauté du mois », en l’occurrence l’album de Bensé, est sortie, nous dit-on, le 20 mai 2008…
Une telle discrétion laisse pantois, et l’on est bien obligé d’en chercher la raison : soit sa maison de disques est décidée à saboter sa promo, mais je laisse cette hypothèse à Thierry Meyssan et Marion Cotillard. Soit Patrick Zelnik, PDG et fondateur de Naïve, ne va jamais sur son propre site, ou bien, quand il le consulte, ne s’émeut absolument pas qu’il n’ait pas été remis à jour depuis deux mois. C’est naturellement ce faisceau d’hypothèses qui retiendra notre attention, parce qu’il n’est pas tout à fait anodin.
Tant qu’on s’en tient au discours officiel, toutes nos élites sont webocentrées. Mais dès qu’on gratte un peu, on se rend compte que même dans des industries aussi supposément modernes que la musique ou le cinéma, rien ne remplace le courrier papier « à l’ancienne » qu’on envoie par la Poste, comme au temps du gramophone, accessoirement assorti de quelques coups de fils insistants de l’attachée de presse. On est sur le web, parce que ça se fait, parce que sinon les collègues vous traiteront de ringard.
Mais en réalité, on sait bien que la promo, celle qui fait vendre un million de CD, c’est essentiellement la presse écrite, la radio, la télé qu’elle se fera, et dans le cas de Carla, il semble que le processus soit plutôt bien amorcé. Le buzz, le vrai, il se fera par les médias de grand-papa.
En vrai, chez ces gens-là, le web, on s’en fout. Et ce n’est peut-être pas plus mal.
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