C’est à cette époque – le début des années 1990 – que se constitue à Genève un groupe de diplomates français qui ont pour caractéristique d’être « de gauche », c’est-à-dire très liés à Roland Dumas, dont ils ont été membres du cabinet au Quai d’Orsay. Le chef de file de cette Geneva connection est Daniel Bernard, aujourd’hui décédé, ambassadeur auprès des Nations Unies dans la cité de Calvin et célèbre pour avoir publiquement traité Israël de « petit pays de merde » alors qu’il était ambassadeur à Londres. Dans son sillage, on trouve Anne Gazeau-Secret, consul général à Genève, et d’autres diplomates de moindre importance. Ils constituent la fraction de gauche de cette « rue arabe du Quai », ainsi que ses détracteurs et amateurs de contrepèteries désignent le couloir du ministère où sévissent les spécialistes des questions du Proche-Orient, en grande majorité acquis aux thèses arabes sur les conflits locaux. Rapidement, Richard Labévière s’agrège à ce petit groupe, devenant notamment proche de Mme Gazeau-Secret – ce qui ne peut être mauvais pour sa carrière.
L’arrivée au pouvoir, en 1997 de Jospin et des socialistes provoque une aspiration des Genevois vers Paris : Anne Gazeau-Secret devient porte-parole du ministre Védrine et Richard Labévière se voit offrir un poste de rédacteur en chef à RFI, radio sur laquelle le Quai d’Orsay exerce la tutelle…
A peine nommé, Labévière se déchaîne : son antisionisme rabique et son américanophobie obsessionnelle se donnent libre cours, sans frein ni limites. La « voix de la France » se mue, sous son impulsion, et celle du directeur de l’information Alain Ménargues, en une version parlée du Monde diplomatique, en plus fruste. Il est prié, en 2003, de quitter la direction du service international, mais il conserve un éditorial quotidien : même les chiraquiens, revenus au pouvoir, trouvent qu’il y va un peu fort.
En décembre 2004, Labévière manifeste sa solidarité avec Alain Ménargues, licencié par RFI à la suite de propos douteux tenus sur Radio Courtoisie dans le cadre de la promotion de son livre Le mur de Sharon. En 2005, nouvelle sanction : son édito est supprimé et il ne conserve plus qu’une émission hebdomadaire de 40 minutes d’entretiens sur des questions géopolitiques. Il clamera urbi et orbi que son éviction est due aux pressions de Nissim Zvili, ambassadeur d’Israël à Paris.
Le dernier acte de cette saga diplomatico-médiatique vient de s’achever. Un martyr est né.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !