Quand le journaliste Arthur Berdah, dimanche dans Le Figaro, lui demande s’il regrette qu’Emmanuel Macron ne puisse se représenter en 2027, Richard Ferrand (« Renaissance ») répond qu’il est défavorable à la limitation du mandat présidentiel dans le temps et au non-cumul des mandats, et laisse penser qu’il souhaite que notre président rempile pour cinq années supplémentaires… Il s’est depuis ravisé. « On ne change pas les règles du jeu en cours de match » a-t-il concédé, hier, sur Sud Radio.
La macronie se laisse gagner par la poutinisation des esprits. L’enracinement autoritaire de Vladimir Poutine à la tête de la Russie donne des idées au parti présidentiel. Il semble s’être convaincu de son propre slogan : « Il n’y a pas d’alternative », hormis une troisième reconduction du chef de l’Etat.
Richard Ferrand, cet illibéral qu’on n’a pas vu venir !
C’est ce que propose, ce lundi dans Le Figaro, Richard Ferrand, ancien président de l’Assemblée nationale et conseiller du président. A la question de savoir s’il regrette que Macron ne puisse se représenter en 2017, Ferrand répond : « (…) A titre personnel, je regrette tout ce qui bride la libre expression de la souveraineté populaire. La limitation du mandat présidentiel dans le temps, le non-cumul des mandats, etc. Tout cela corsète notre vie publique dans des règles qui limitent le libre choix des citoyens. Ca affaiblit notre vie politique en qualité et en densité, et la rend moins attractive. Changeons tout cela en préservant le bicamérisme et le Conseil constitutionnel, gardien vigilant des principes républicains et des libertés publiques ».
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Cette déclaration d’un fidèle a forcément été testée devant le chef de l’État. Elle vient compléter les éléments d’une dérive illibérale. Celle-ci s’observe dans la pratique autocratique et l’effacement des contre-pouvoirs. Non content d’avoir ridiculisé l’Assemblée nationale en lui interdisant de voter sur la réforme des retraites, le gouvernement accumule les actes d’autoritarisme en interdisant à son gré des manifestations ou des colloques soupçonnés de colporter des idées non conformes. Ainsi font les régimes despotiques.
Mme Colonna et M. Ndiaye ne donnent pas envie d’un troisième mandat Macron
Reste que cet attrait de la macronie pour le pouvoir renouvelé cache mal sa faiblesse. Macron ne peut se maintenir qu’en brandissant artificiellement la menace d’une « extrême droite » fantasmée. Son aplatissement devant l’Algérie montre sa pusillanimité. Alors qu’Abdelmajdid Tebboune, non content d’apporter son soutien à Poutine dans sa guerre contre l’Ukraine et l’Occident, vient de signer un décret rétablissant, dans l’hymne algérien, le couplet s’en prenant à la France (« (…) O France ! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes, etc. ») le Quai d’Orsay a choisi de jouer l’apaisement, l’argument des capitulards : Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères, s’est contentée de déplorer une décision « un peu à contre temps ». Mais qu’attend la France insultée pour mettre fin aux accords léonins de 1968 sur les titres de séjour offerts aux Algériens, qu’Edouard Philippe se propose de « remettre en cause » ?
Sur un autre sujet, il aura fallu qu’un enfant de 10 ans d’une école publique de Nice décide de faire respecter une minute de silence pour Mahomet pour voir le ministre de l’Education nationale, Pap NDiaye, s’affoler d’une « suspicion de radicalité islamiste » et en appeler à la mobilisation des « équipes valeurs de la République ». Mais qu’attend le gouvernement pour affronter les Frères musulmans ? La macronie veut sa rente, mais ne la mérite pas.
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